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L'article provient de Le Journal de Québec
Environnement

Incendies en Abitibi: «Comment vais-je me démerder? Je suis découragé»

Après quatre journées loin de leur ville, des sinistrés craignent de retrouver leur maison brûlée ou saccagée

John Brazeau devant le refuge où il a élu domicile depuis vendredi dernier après avoir évacué Lac-Simon.
John Brazeau devant le refuge où il a élu domicile depuis vendredi dernier après avoir évacué Lac-Simon. Francis Pilon / JdeM
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Photo portrait de Francis Pilon

Francis Pilon

2023-06-06T21:31:46Z
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Des sinistrés relogés à plusieurs kilomètres de chez eux depuis quatre jours dans un refuge à Val-d’Or sont exaspérés et craignent les dommages qui pourraient être infligés à leur demeure.

«Ma femme a été transportée à l’hôpital tantôt. Elle a fait un malaise avec tout ce qu’il se passe. Maintenant, comment vais-je me démerder? Je suis découragé pour la suite», laisse tomber John Brazeau, en tirant sur sa cigarette. 

Francis Pilon / JdeM
Francis Pilon / JdeM

L’homme de 51 ans, de Lac-Simon, a été évacué d’urgence vendredi, en pleine nuit, pour se rendre 35 km plus loin, au Centre multisport Fournier de Val-d’Or, où environ 160 âmes ont trouvé refuge. M. Brazeau avoue avoir hâte de retourner dans sa communauté autochtone, même s’il craint le pire. 

«Quand on a quitté, quelqu’un a volé mon portefeuille avec 800$ dedans, raconte-t-il avec exaspération. Je ne sais même pas si on aura assez pour manger à notre retour.» 

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Pas prêts à déménager

Le Journal a discuté sur les lieux avec plusieurs sinistrés qui avaient tous un point en commun: aucun d’entre eux n'avait l’intention de déménager, malgré cette crise. 

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  • Comment est-ce que les députés gèrent la situation? Écoutez Denis Lamothe, député d’Ungava et avec Daniel Bernard, député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue en discuter avec Antoine Robitaille, disponible en balado sur QUB radio :  

«Il y avait de la fumée dans la maison quand on est partis. C’est sûr que ça nous rend anxieux. On pourrait avoir beaucoup de perte avec le feu tout près», s’inquiète Larry Dumond, avec sa compagne Rosalie Michel. 

Larry Dumond, avec sa compagne Rosalie Michel, devant le refuge à Val-d'Or.
Larry Dumond, avec sa compagne Rosalie Michel, devant le refuge à Val-d'Or. Francis Pilon / JdeM

Joy May, une mère de deux jeunes enfants de moins de 10 ans, confie faire davantage «d’écoanxiété» depuis qu’elle a été forcée de quitter Lac-Simon.

«On n’est pas retournés chez nous parce qu’on a peur pour la santé de nos jeunes. Je m’inquiète surtout pour eux, ils vont connaître encore plus d’incendies. Ça ne fait que commencer avec les changements climatiques», commente Mme May, alors que ses enfants dessinent à la craie sur le trottoir, devant le Centre multisport Fournier. 

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Vrai film d’horreur

Thomas Anichinapeo, qui a été forcé de quitter vendredi sa communauté anicinape de Kitcisakik, à 147 km de là, affirme que les feux de forêt ont coupé l’électricité chez lui. 

Thomas Anichinapeo a été contraint de quitter vendredi sa communauté anicinape de Kitcisakik en raison des feux de forêt.
Thomas Anichinapeo a été contraint de quitter vendredi sa communauté anicinape de Kitcisakik en raison des feux de forêt. Francis Pilon / JdeM

«Je suis arrivé à Val-d’Or vendredi. On retourne chez moi chaque deux jours parce qu’on doit mettre du carburant dans la génératrice. Hier, quand on y est allés, ça faisait peur tellement le ciel était orange. C’était comme un film d’horreur», explique M. Anichinapeo. 

Il se réjouit toutefois des ressources mises à la disposition des sinistrés dans leur refuge opéré par une trentaine de bénévoles de la Croix-Rouge canadienne. Des enseignants divertissent par exemple les enfants, des films sont projetés en soirée et des citoyens ont même apporté des jeux de société ou des biens essentiels pour les aider. 

Au moment de publier ce texte, 66 incendies étaient toujours actifs en Abitibi-Témiscamingue. De ce nombre, 47 sont jugés «hors de contrôle» par la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). Lebel-sur-Quévillon et Normétal sont d’ailleurs les deux municipalités de la région jugées «les plus à risque» par les autorités.

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