Incendie mortel du Vieux-Montréal: Québec a fermé d’urgence le chantier de démolition
La CNESST craignait pour la sécurité des travailleurs


Jean-Louis Fortin
Québec a fermé d’urgence le chantier de démolition de l’immeuble du Vieux-Montréal ravagé par un incendie qui a coûté la vie à 7 personnes, en raison de craintes pour la sécurité des travailleurs.
Le 2 août dernier, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a ordonné la suspension immédiate des travaux qui avaient lieu dans les ruines du bâtiment de la place D’Youville.
Elle a également prononcé une interdiction d’accès au bâtiment qui a brûlé le 16 mars, selon des rapports rendus disponibles à la suite d’une demande d’accès à l’information.
Les documents indiquent qu’une inspectrice a constaté plusieurs manquements aux lois sur le chantier.
«Arrêt des travaux prononcé. J’invite les travailleurs à me suivre à l’extérieur du bâtiment. Ils me confirment [...] qu’aucune méthode de travail précise ne leur a été donnée», écrit-elle dans le rapport que nous avons consulté.

Plusieurs manquements
Elle constate aussi qu’il n’y a «aucune méthode de travail disponible sur le site (incluant de la documentation quant à la stabilité des différents éléments instables sur le chantier)».
L’inspectrice note également que «les travailleurs ne portent pas de protections respiratoires ni de protections sur leurs vêtements», en dépit de la présence de suie qui «présente plusieurs risques pour la santé».

Dans une décision expédiée à Émile H. Benamor, le propriétaire des lieux, la CNESST fait état de manquements à pas moins de 6 sections du Code de sécurité pour les travaux de construction, ainsi qu’à un article de la Loi sur la santé et la sécurité au travail.
Elle demande à l’employeur de lui «fournir une méthode de travail détaillée [...] pour la sécurisation du bâtiment», sans quoi les travaux ne pourront pas reprendre.
Ultimatum
Une autre visite sur le site a eu lieu un mois plus tard. La CNESST précise qu’entre temps, elle a reçu différents documents, dont des procédures de travail, ainsi qu’une autorisation de la Ville de Montréal pour la première phase des travaux de sécurisation du site.
Dans un second rapport daté du 6 septembre, la Commission indique toutefois qu’elle a maintenu ses décisions du 2 août concernant l’arrêt des travaux.
Elle a également donné à M. Benamor jusqu’au 30 octobre pour corriger des informations manquantes au programme de prévention des risques sur le chantier.
Invité à émettre des commentaires, Me Alexandre Bergevin, l’avocat de M. Benamor, a indiqué que l’entrepreneur qui était sur place «a dû être remplacé vu les constats de l’organisme d’enquête».
Il a pris soin de préciser que son client «n’est pas un entrepreneur».
–Avec la collaboration de Maude Boutet
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