Incendie du monastère du Bon-Pasteur: la perte d’une salle de concert phare


Anouk Lebel
Le milieu de la musique classique pleure la disparition d’une salle de concert phare dans la foulée l’incendie de la Chapelle historique du Bon-Pasteur, une «perte immense» pour l’accès à la culture à Montréal.
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«C’était mon secret bien gardé, ma salle préférée», confie la pianiste Julie Thériault, encore sous le choc de voir que la chapelle historique soit la proie des flammes.
«J’ai tellement d’histoires, c’est un lieu que je chéris énormément. À pareille date l’an dernier, j’y exposais 18 de mes toiles», poursuit la compositrice, interprète et peintre, attristée par la perte de ce lieu de la plus haute importance.

Gérée par la Ville de Montréal, la Chapelle historique du Bon-Pasteur a servi de tremplin pour de nombreux musiciens classiques.
Un tremplin pour les jeunes
«Mon premier récital, comme jeune musicien dans les années 1990, c’était à la Chapelle du Bon-Pasteur», se souvient Mathieu Lussier, bassoniste et chef d’orchestre d’Arion Orchestre Baroque.
Il souligne qu’il s’agit d’un lieu important pour l’accès à la musique classique dans la métropole. «C’était un des seuls endroits avec des concerts gratuits. C’était toujours plein», dit-il, soulignant que tous les mélomanes n’ont pas les moyens d’assister à des concerts la Place des Arts.
La salle disposait d’un piano de concert Fazioli et un clavecin Kirkman de 1772, des instruments rares et de grande valeur, sur lesquels de jeunes musiciens pouvaient faire leurs premières armes.
«C’est un clavecin qui a été construit en Angleterre, qui a pris le bateau jusqu’au Canada, où on y a joué pendant 300 ans. Il a peut-être connu sa fin hier», déplore le musicien.
Proximité
«Des salles comme ça, il n’y en a pas d’autres à Montréal», laisse tomber Yoan Leviel, porte-parole du Studio de musique ancienne de Montréal, qui présente cinq ou six concerts par année à la Chapelle.

Construite dans la deuxième moitié du 19e siècle, il s’agissait de l’une des rares salles pour la musique de chambre à Montréal, souligne Luc Noppen, professeur à l’UQAM et fondateur de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, qui souligne que l’acoustique est exceptionnelle pour l’époque.
Les musiciens appréciaient par ailleurs l’intimité de cette salle qui comptait tout au plus 150 places.
«C’est un endroit unique et une perte immense», conclut M. Lussier.
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