Blue Bird: Montréal rend hommage aux victimes d’un des incendies les plus meurtriers

Félix Lacerte-Gauthier | Agence QMI
Cinquante ans après l’un des incendies les plus meurtriers dans l’histoire de Montréal, plusieurs survivants se sont rappelés avec émotions de la tragédie, lors d’une cérémonie commémorative jeudi.
Le soir du 1er septembre 1972, l’incendie criminel du Blue Bird, un bar situé au centre-ville, avait causé la mort de 37 victimes, en plus de faire une cinquantaine de blessés.
Trois jeunes, à qui un portier avait refusé l’entrée plus tôt dans la soirée, avaient décidé de se venger en revenant arroser d’essence la cage d’escalier de l’établissement, avant d’y mettre le feu.

Alors détective aux enquêtes criminelles du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), André Mainville a été l’un des premiers à arriver sur les lieux pour aider à sortir les personnes des décombres.
«Je venais de finir ma journée de travail. Je m’en allais chercher du smoked meat pour ma femme et j’ai vu cette boule de feu. J’ai stationné mon auto et je suis allé en courant pour sortir le monde», s’est-il remémoré, parlant d’un événement qui l’a «traumatisé».
Il a par la suite participé à l’enquête qui a permis de retracer le premier des trois criminels. Les deux autres ont pu être retrouvés peu après à Vancouver, où ils s’étaient enfuis.

Depuis, M. Mainville collectionne les articles de journaux d’époque et les photos relatant les événements.
«Je pensais que ça avait été oublié, que personne n’entendait parler de ça et que c’était fini. Je suis content qu’ils aient rendu hommage à ces gens», a-t-il confié.
Cette nuit-là, comme il le faisait parfois, le propriétaire de l’établissement avait barré la porte de la sortie de secours, pour éviter que des jeunes puissent l’utiliser pour rentrer sans payer.

L’incendie faisant rage dans l’escalier près de l’entrée principale, les clients ont rapidement été pris au piège.
Certains ont pu s’en sortir grâce à une deuxième sortie de secours, ou en sautant par l’une des fenêtres.

«J’étais pompier, l’un des premiers arrivés sur les lieux. On a essayé de faire du sauvetage, mais on sauvait plutôt des morts», s’est rappelé pour sa part, encore émotif, Ken Laroche.
Francine Towers, elle, est revenue de Vancouver, où elle vit maintenant, pour assister à la cérémonie commémorative.
«J’ai perdu mes deux belles-sœurs et une cousine. C’est la première fois que nous sommes capables de venir, mais c’est très pénible de se rappeler de ces événements», a-t-elle expliqué.

Dans le cadre du cinquantième anniversaire de la tragédie, la Ville de Montréal a organisé une commémoration pour les victimes, au cours de laquelle la mairesse Valérie Plante, la cheffe du SPVM, Sophie Roy et le directeur du Service de sécurité incendie, Richard Liebmann, ont pris la parole.
«L’incendie du Blue Bird a marqué la mémoire des Montréalais. Ce soir-là, 37 personnes sont mortes. Ce bilan fait de l’incendie l’un des plus meurtriers dans l’histoire de la métropole. Cette tragédie a aussi provoqué de profondes réflexions à la Ville et au sein de son service incendie», a déclaré Mme Plante, dans son allocution.

Heather Lowergren, une survivante de l’événement, s’est également adressé au public, pour narrer la façon dont elle avait vécu la tragédie, et comment, avec son mari, elle a tenté de venir en aide aux blessés.
Un survivant du drame était présent à la cérémonie jeudi matin. Le musicien travaillait, ce soir-là, au cabaret : «Ça fait mal au cœur. 37 personnes qui sont mortes pour rien», ajoute-t-il.
En 2012, dans le cadre du quarantième anniversaire, la Ville a inauguré une plaque commémorative près du square Phillips, sur laquelle est gravé le nom des victimes.
