«Inacceptable pour une banque»: cinq jours de panne qui pourraient faire mal à la Banque Laurentienne

Julien McEvoy
Les affaires n’allaient déjà pas très bien pour une des plus vieilles banques du Québec. À la suite d’une panne de cinq jours de ses services en ligne, la Banque Laurentienne pourrait maintenant vivre un exode de ses clients.
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« C’est inacceptable pour une banque », avoue candidement le porte-parole de l’institution, Merick Seguin, au sujet de la panne qui touche l’institution depuis dimanche.
Le bris de service touche tous les clients de la banque, qui ne révèle pas leur nombre pour des raisons de concurrence. Elle se targuait d'en avoir 460 000 en 2021.
Tout est revenu dans l’ordre depuis jeudi midi, indique-t-il, mais ce n’est toutefois pas le cas pour deux clients de l’institution interrogés par Le Journal.
« Ça fait amateur en... », lance Jean-François Racine, client depuis 25 ans. Son application ne fonctionnait toujours pas à 14 h 30 jeudi.
Le camionneur s’inquiète de rater des paiements et se sent pris en otage. « Mon rendez-vous dans une autre institution est déjà pris. C’est fini pour moi, je sors tous mes actifs de là », assène-t-il.
Même chose pour Jean-David Sénécal, qui songeait déjà à quitter la Banque Laurentienne depuis un moment.
« Sachant qu’ils n’étaient déjà pas très en santé, c’est le clou dans le cercueil. Une panne d’un jour, OK. Mais cinq jours ? Franchement », dit l’homme de 58 ans, qui travaille dans l’assurance.
Il n’avait lui non plus toujours pas accès à ses services bancaires jeudi après-midi.
Résolu, selon la banque
Pourtant, le problème est résolu, selon la Laurentienne. « C’est sûr que ça va se faire progressivement, mais on en est venu à bout. Les clients devraient tous retrouver leur accès jeudi », assure le porte-parole.
Les paies des clients ont bel et bien été déposées, dit-il, même s’ils ne peuvent pas tous le voir. Les chèques de pensions de vieillesse aussi, comme les allocations des différents gouvernements.
Tous les clients qui auraient subi des frais de retards ou quelconques autres frais seront remboursés, promet aussi la banque. « Personne ne va assumer ça de sa propre poche, c’est évident », indique M. Seguin.
Très bien, répondent Jean-David Sénécal et Jean-François Racine, mais c’est trop peu, trop tard.
De mal en pis
Le problème vient d’une mise à jour du système central qui a mal viré, dimanche. La Laurentienne va prendre le temps d’analyser le tout une fois la tempête passée.
Cette panne de cinq jours est un nouveau coup dur pour la plus petite des huit banques canadiennes, déjà en difficulté.
Plus tôt cette année, l’institution s’était mise en vente avant de finalement renoncer à réaliser une transaction.
Selon certains médias, elle aurait reçu au moins une offre d’achat, mais celle-ci n’était pas suffisamment généreuse.
Cela avait mené au congédiement de trois hauts dirigeants parmi les 10 que comptait alors la banque.
Sinon, la qualité du service aux particuliers est en chute libre depuis quelques années, selon de nombreux clients.
Rappelons aussi que l’institution a comme PDG une unilingue anglophone, Rania Llewellyn, qui apprend en ce moment le français. Sa nomination controversée en octobre 2020 avait fait couler beaucoup d'encre.
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