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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

«Improbable, pas impossible»: le CH échangera-t-il Price pour lancer sa fenêtre d’opportunité?

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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2025-03-12T04:00:00Z
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Carey Price sera-t-il échangé cet été? Ou plutôt: son contrat d’une valeur de 10,5 millions $, le plus important de l’histoire des Canadiens de Montréal, est-il échangeable?

«Ce ne sera pas facile et c’est sûr que c'est improbable, mais tu ne sais jamais. Ce n’est pas impossible», se prononce au bout du fil notre gourou de la masse salariale Hart Levine, fondateur du site web PuckPedia, un portail qui est devenu la référence sur la sphère publique pour les informations relatives aux contrats dans la Ligue nationale de hockey (LNH).

Officiellement, Price demeure un membre des Canadiens. Il assistait d’ailleurs à l’entraînement du club à Vancouver, lundi. On l’a vu piquer un brin de jasette avec Kent Hughes dans les estrades.

Jusqu’ici, le contrat de Price n’a pas trop handicapé son directeur général pendant la reconstruction. Après tout, Hughes n’a jamais campé la position d’acheteur à la date limite. Mais est-ce que ce sera plus urgent de s’en débarrasser en 2025-2026, saison qui pourrait coïncider avec le début de la fenêtre d’opportunité?

Il reste un boni à la signature à verser à Price, lequel est de 5,5 millions $. Ce genre de bonis est normalement payé le 1er juillet dans la Ligue nationale, mais dans les années passées, ce chèque a été remis à Price au mois de septembre, signe que le contrat comporte une structure différente – peut-être pour des raisons fiscales. Bien qu'on ne puisse le confirmer, on peut présumer que c'est une compagnie d'assurance, et non Geoff Molson, qui assumera ce versement. À moins d'avis contraire, il ne s'agirait pas d'un fardeau pour le propriétaire de l'équipe qui obtiendrait Price.

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Se départir de ce contrat serait une immense victoire pour Hughes, surtout s’il compte être agressif à la date limite de 2026. Un tel échange lui permettrait de ne plus avoir recours à la liste des blessés à long terme. 

«Si les Canadiens ne veulent plus utiliser ce mécanisme la saison prochaine, ils peuvent échanger son contrat et ça devient plus facile de le faire lorsque Price en est à la dernière année de son entente [qui vient à échéance en 2026]. C’est naturellement beaucoup plus simple que lorsqu’il reste deux ou trois ans», souligne notre expert.

La liste des blessés à long terme offre des allègements importants aux équipes lorsqu’un joueur doit s’absenter pour une longue période, mais il demande aussi auxdites équipes de renoncer à un avantage considérable, soit la possibilité d’accumuler de l’espace sous le plafond salarial au cours de la saison.

Pour une équipe qui n’utilise pas la liste des blessés à long terme, la masse salariale est une donnée recalculée quotidiennement. Si un joueur est acquis via transaction alors qu’il reste 30% de la saison à jouer, l’équipe qui le reçoit n’a qu’à assumer 30% de son salaire annualisé (plus communément appelé «cap hit»). C’est pourquoi PuckPedia estimait à plus de 80 M$ la marge de manœuvre des Blue Jackets de Columbus à la date limite des transactions.

Une équipe acheteuse ayant fait une saine gestion de ses actifs peut ainsi dépenser sans lendemain sur le marché des joueurs de location.

S’inspirer des Canucks

Ne vous méprenez pas, personne ne fera de fleur à Hughes et n'acceptera par humanisme de prendre en charge ce gigantesque contrat.

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Pour comprendre pourquoi une équipe pourrait décider d’acquérir Price, on peut étudier une transaction entre les Canucks de Vancouver et l’Avalanche du Colorado qui est passée inaperçue le 6 octobre dernier.

En retour du défenseur Erik Brannstrom, l’Avalanche a obtenu Tucker Poolman, un arrière qui ne jouera sans doute plus jamais dans la LNH, et un choix de quatrième tour au repêchage.

Pourquoi l’Avalanche a obtenu ce «contrat fantôme»? En raison de la liste des blessés à long terme.

Il s’agit d'un mécanisme tellement compliqué que même les directeurs généraux le comprennent approximativement. La convention collective n’arrive pas à l’aborder dans toutes ses subtilités, imaginez. Ce que vous devez comprendre, c’est que la ligue offre des allègements différents aux équipes qui emploient la liste des blessés à long terme selon leur structure salariale, et qu’il existe des façons de maximiser cet allègement.

«Une équipe qui utilise déjà la liste des blessés à long terme se dit: “Qu’est-ce que ça change si on enterre 5 M$ ou 15 M$?” Si Montréal veut nous donner une compensation, on va le faire, explique Hart Levine, notre savant de la masse salariale. Et parfois, l’équipe n’arrive pas à assembler le bon casse-tête pour optimiser l’allègement offert par la LNH.

«C’est pourquoi certaines équipes sont ouvertes à l’idée d’acquérir un joueur blessé afin de construire ce casse-tête. Et c’est pourquoi l’Avalanche a obtenu Poolman, afin de le jumeler à Gabriel Landeskog sur la liste des blessés à long terme. Avec les morceaux à sa disposition, l’Avalanche ne pouvait résoudre le puzzle. Mais le contrat de Poolman était la solution.»

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Gabriel Landeskog lors de la période d’échauffements avant le match entre l’Avalanche du Colorado et les Canadiens de Montréal au Centre Bell de Montréal, le 5 décembre 2019 BEN PELOSSE / LE JOURNAL DE MONTRÉAL.
Gabriel Landeskog lors de la période d’échauffements avant le match entre l’Avalanche du Colorado et les Canadiens de Montréal au Centre Bell de Montréal, le 5 décembre 2019 BEN PELOSSE / LE JOURNAL DE MONTRÉAL. Ben Pelosse / JdeM

Deux questions s’imposent: le CH est-il prêt à sacrifier un élément de valeur pour convaincre une équipe d'éponger la dernière année du contrat de Price? Et quel serait cet élément? Une troisième: est-ce que les Canadiens veulent se servir de leur abondance de choix pour ne plus avoir à utiliser la liste des blessés à long terme... ou préfèrent-ils avaler la pilule pour une dernière saison?

Avant même de pouvoir répondre à ces questions, il faut une équipe pour qui l’acquisition du contrat de Price serait logique. Une équipe qui a besoin de résoudre un casse-tête avec la liste des blessés à long terme.

Sinon, une équipe qui aura de la difficulté à atteindre le plancher salarial, qui grimpera de 65 à 70,6 millions $ la saison prochaine. C'est pour cette raison essentiellement que les Blackhawks de Chicago ont acquis le contrat de Shea Weber dans un échange avec le Utah HC, le 7 mars dernier. Les actionnaires des Blackhawks ont les poches profondes; ils sont capables de dépenser, mais l’organisation reconstruit de façon plutôt agressive à l’heure actuelle.

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