Impôts et prolongation de carrière: voici une façon d’éviter de mauvaises surprises

Gabriel Côté
Ceux qui prévoient continuer de travailler à temps plein même dépassée la barre des 70 ans doivent bien jouer leurs cartes pour éviter de mauvaises surprises, prévient un planificateur financier, mais cela peut s'avérer payant.
Le Journal racontait samedi l’histoire d’une caissière de dépanneur de 70 ans qui devra bientôt arrêter de travailler à temps plein afin d’échapper aux griffes de l’impôt.
«Je suis convaincu que bien des gens, même si c’est une forte minorité, se retrouvent face au même enjeu», a réagi Martin Leduc, planificateur financier au cabinet de gestion de patrimoine Symbiose, en citant le cas des «ex-fonctionnaires avec des pensions très élevées» qui souhaitent continuer de travailler après leur retraite de la fonction publique.
M. Leduc estime que cette situation n’est pas inéluctable, mais qu’une bonne planification est nécessaire «quelques années avant de se rendre-là».

Décaisser le REER plus tôt
En règle générale, il pourrait être avantageux, pour une personne qui souhaite continuer de faire des semaines de 35 heures même après un certain âge, de commencer à décaisser les REER quelques années plus tôt, et d’attendre le plus tard possible avant de toucher la rente du Régime des rentes du Québec (RRQ) et la pension de sécurité de la vieillesse (PSV).
L’idée est de prendre dans le REER des sommes équivalentes à ce que l’on recevrait de la part des gouvernements pendant quelques années. «En faisant ça, le montant imposable reste le même, mais la PSV a un rendement planifié de 7,2% par année, alors que les placements, la plupart du temps, n’ont pas un rendement aussi fort», explique le planificateur financier. «Et le RRQ, c’est encore mieux, c’est 8,4%!»
Évidemment, dans ce scénario, on se trouvera à payer un peu plus d’impôt alors qu’on est toujours sur le marché du travail, mais cela pourrait s’avérer payant à plus long terme en raison des bons rendements de la PSV et du RRQ, qui sont plus avantageux quand on les prend plus tard.
«Ça peut valoir la peine de s’enligner comme ça», résume M. Leduc, en soulignant toutefois qu’il ne s’agit pas d’une solution valable pour tout le monde. «Chaque cas est différent, il y a toujours des nuances.»
Changer les règles
Une autre façon de régler ce problème a déjà été soulevée par le fiscaliste Luc Godbout, qui a suggéré au gouvernement fédéral de repousser à 75 ans l’âge où il est obligatoire de commencer à toucher à ses REER. À son avis, cela pourrait inciter certaines personnes à prolonger leur carrière, alors même que l’on doit composer avec une pénurie de main-d’œuvre.
Interrogé par Le Journal en vue de l’article de samedi dernier, le cabinet de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, avait refusé de s’avancer à ce propos, affirmant ne pas pouvoir «spéculer sur ce qu’[il] pourrait ou non être en train d’envisager».
Questionnée à ce sujet en marge d’une annonce lundi matin, la ministre québécoise de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, a simplement constaté que c’est un enjeu «qui est dans la cour du fédéral» et que cette solution «mérite d’être explorée».
«Nous, on s'est penché sur ce qu'on pouvait faire [pour garder les aînés sur le marché du travail]», a-t-elle dit, notamment en référence au fait que l’âge maximal pour commencer à recevoir une rente de retraite du RRQ a récemment été repoussé à 72 ans.
– Avec la collaboration de Francis Halin
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