Imposition d’un plafond salarial au baseball majeur: se dirige-t-on vers le plus important conflit de travail depuis 1994?


Kevin Dubé
«Nous pourrions être assis à une table et nous retrouver en conflit de travail, à minuit et une, le 1er décembre de l’an prochain. Les joueurs se préparent pour ça, en espérant que ce ne sera pas le cas.»
Le directeur exécutif de la MLB, Tony Clark, est catégorique: si le commissaire Rob Manfred ainsi que les propriétaires des 30 formations du circuit décidaient d’imposer un plafond salarial, le baseball majeur pourrait se retrouver dans son plus profond conflit depuis la grève de 1994, qui avait mené à l’annulation de la saison et des séries.
La convention collective de la MLB viendra à échéance le 1er décembre 2026, et plusieurs croient que les propriétaires ont l’intention de tenter d’imposer un plafond salarial, une pratique présente dans tous les sports majeurs en Amérique du Nord, sauf au baseball.
«[Un plafond salarial] est de la collusion institutionnalisée», a ajouté Clark, qui a rencontré les médias en marge de la pause du Match des étoiles dans le baseball majeur, mardi.
«Personne n’en parle, mais nous savons qu’ils vont nous mettre en lockout et qu’on va manquer de temps, a même avancé le premier but vedette des Mets de New York, Pete Alonson. Nous allons nous battre afin de ne pas avoir de plafond salarial et la ligue n’aimera évidemment pas ça.»
Les forces mal réparties
L’imposition d’un plafond salarial dans la MLB n’est pas un nouveau sujet. Il s’agissait d’ailleurs de l’un des points principaux ayant mené au conflit de 1994.
Plusieurs estiment que le baseball majeur est aux prises avec un sérieux problème d’inégalité entre les gros et les petits marchés.
Cette saison, par exemple, la formation qui compte la plus haute masse salariale, les Dodgers de Los Angeles, débourse un peu plus de 341M$ pour ses joueurs, alors qu’à l’inverse, tous les joueurs des Marlins de la Floride ensemble constituent un total de 67,5M$.
Malgré un système de taxes de luxe revampé en 2022, les plus gros marchés repoussent sans cesse les limites. Juan Soto a récemment signé un contrat record de 15 ans qui lui rapportera une somme totale de 765M$ avec les Mets de New York.
Ça fera d’ailleurs bientôt dix ans qu’une équipe à plus «faible» masse salariale n’a pas remporté la Série mondiale. Il faut remonter au triomphe des Royals de Kansas City, en 2015. À ce moment, ils comptaient sur la 13e plus importante masse salariale dans le circuit.
Un problème déploré par les partisans
Le commissaire Manfred s’est toutefois défendu de vouloir imposer un plafond salarial à partir du 1er décembre 2026.
«Je n’ai jamais utilisé le terme "plafond salarial". Ce que je leur dis c’est qu’en tentant de régler ce problème de compétitivité, qui est réel, vous devriez vous demander si ce système est le système parfait du point de vue des joueurs. Mon seul but n’est pas de les convaincre qu’un système est meilleur que l’autre, mais de les convaincre que de se présenter à la table avec l’esprit ouvert dans le but de régler un problème que déplorent nos partisans va mener à un meilleur processus de négociation de convention collective et à un meilleur résultat.»