Impliqué dans un accident mortel en Espagne: après sept mois d’angoisse, un Québécois pourra rentrer au pays

Après un calvaire de plus de sept mois ponctué de nombreux rebondissements, un Québécois impliqué dans un accident mortel près de Málaga, en Espagne, va retrouver son passeport ayant reçu l’autorisation de rentrer au Canada. 

«J’attendais cette nouvelle-là depuis le premier jour. Ça aura été tout un combat, mais il ne reste que quelques formalités avant que je puisse retrouver mon passeport», se réjouit Mathieu Béland en entrevue quelques heures après avoir appris la nouvelle.

Alors qu’il devait aller rejoindre sa sœur, Audrey, sur la Costa del Sol, il a provoqué une collision avec une voiture louée qui a coûté la vie à un motocycliste de 58 ans le 14 juillet dernier.

Lundi, il faisait la sieste chez le couple qui l’héberge depuis l’accident, en banlieue de Barcelone, quand son avocat l’a contacté pour lui annoncer qu’il allait pouvoir revenir auprès des siens. Après des mois de démarches judiciaires fastidieuses, le jeune homme de 27 ans avoue avoir eu peine à croire ce qu’on lui disait à l’autre bout du fil.

«C’est le plus grand défi que j’ai eu à surmonter dans ma vie, avoue le vingtenaire. C’est terminé, les complications bureaucratiques. Je suis extrêmement content et j’ai hâte de revoir mon monde!»

«Le plus long câlin de sa vie»

La mère de Mathieu Béland, Estelle Simard, avait peine à contenir sa joie, lorsque Le Journal s’est entretenu avec elle.

«On attendait ça depuis des mois de stress et d’angoisse terribles. C’est un immense soulagement. On a tellement hâte de le serrer dans nos bras. Je l’ai déjà averti que ce serait le plus long câlin de sa vie!» confie-t-elle, le sourire dans la voix.

Sans surprise, le camionneur âgé de la vingtaine soutient qu’il est impatient à l’idée de revenir chez lui et de reprendre le cours de sa vie après une pause forcée de près de 250 jours.

«Il y a tellement de gens qui veulent me voir. La première chose, ça va être de serrer ma conjointe, ma famille et mes amis dans mes bras. Ensuite, je vais retourner dans mes affaires, retrouver mon lit et ma douche et prendre le temps de décompresser un peu.»

M^me Simard a bien l’intention d’être à l’aéroport pour accueillir son fils, dès qu’il foulera le sol canadien. «On ne sait pas encore quand il va revenir et où il va atterrir, mais c’est certain qu’on aimerait ça être là, quand il va sortir de l’avion.»

Accusations maintenues

S’il a reçu l’autorisation de la justice espagnole de retourner chez lui, ce n’est pas pour autant que Mathieu Béland est tiré d’affaire. Il fait toujours face à un chef d’accusation d’homicide par imprudence grave, passible d’une peine allant jusqu’à quatre ans d’emprisonnement.

«Je sais que ce n’est pas terminé. Je vais peut-être devoir retourner en Espagne pour la suite des choses, mais on tourne une grosse page aujourd’hui», constate-t-il.

Ces interminables péripéties auront coûté plus de 120 000$ à Mathieu Béland et ses proches. Ils ont tenu à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont donné à la campagne de financement organisée par la famille, qui a permis d’amasser près de 40 000$.

«J’ai reçu tellement de support de la population; c’est largement au-dessus de nos attentes. Ça va coûter extrêmement cher, mais au moins, je peux poursuivre ma vie sans trop être hypothéqué», conclut le résident de L’Ancienne-Lorette.

Rappel des faits

• Arrivé quelques heures avant sa jeune sœur, Mathieu Béland a décidé d’utiliser leur voiture de location dûment assurée pour repérer les plages qu’ils iraient visiter le lendemain. Il a provoqué un accident de la route qui a coûté la vie à un motocycliste de 58 ans à Torremolinos, à quelques kilomètres au sud de Málaga.
• Le vingtenaire a été arrêté et emmené au poste de police, puis au palais de justice. Sa sœur, Audrey, est venue le rejoindre et a appris qu’il était accusé d’homicide par imprudence grave.
• Mathieu Béland a passé une nuit et une journée en prison. Il a finalement pu retrouver sa liberté moyennant une caution de 75 000$ CA payée par ses parents.
• Même si des tests ont confirmé qu’il n’était pas sous l’effet de la drogue ou de l’alcool et que la vitesse n’était pas en cause, le Lorettain s’est vu confisquer son passeport et son permis de conduire en attendant la suite des procédures judiciaires.
• Le 20 décembre, le départ hâtif en vacances d’une juge espagnole a empêché le camionneur de retrouver son passeport afin de rentrer au Québec pour le Nouvel An. Il a dû patienter jusqu’à la mi-janvier.
• Le 10 janvier, la première demande des avocats du Québécois pour qu’il retrouve son passeport a finalement été refusée. Le tribunal espagnol cite un risque qu’il se soustraie à la justice comme motif de refus.
• Le 3 mars, Mathieu Béland reçoit enfin l’appel qu’il attendait: sa demande de restitution de passeport a été acceptée, même si les accusations qui pèsent contre lui restent les mêmes. Il peut enfin rentrer à la maison.