Baisse de l'immigration permanente: Québec propose des seuils de 25 000 à 45 000
Trois propositions à cet effet seront étudiées en commission parlementaire l’automne prochain

Patrick Bellerose
À un an des élections, Québec proposera une réduction importante de l’immigration permanente, évoquant même un scénario de seulement 25 000 admissions annuellement.
Le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, déposera jeudi le cahier de consultation pour la planification pluriannuelle 2026-2029.
Trois propositions seront étudiées en commission parlementaire l’automne prochain, avec des scénarios de 25 000, 35 000 ou 45 000 nouveaux immigrants permanents accueillis annuellement.
Il s’agit d’une baisse drastique par rapport aux quelque 64 000 personnes qui devraient être admises cette année.
Cette révision à la baisse est devenue nécessaire en raison de la «trop forte présence de centaines de milliers de résidents temporaires» sur le territoire québécois, explique le ministre en entrevue avec notre Bureau parlementaire.
Avec ces nouvelles cibles, la CAQ se rapproche du seuil de 35 000 proposé par le PQ en 2022, juste à temps pour les prochaines élections générales.
Respecter les cibles
Encore faut-il que Québec respecte ses propres seuils. Lors de la dernière campagne électorale, le premier ministre François Legault affirmait qu’accueillir plus de 50 000 immigrants par année serait «suicidaire» pour la nation québécoise.
En 2018, le seuil maximal a été fixé à 40 000.
Québec a pourtant dépassé ses cibles chaque année depuis son arrivée au pouvoir, sauf en 2019 et durant la première année de la pandémie (voir ci-dessous).
Mais cette fois, la volonté est ferme, assure Jean-François Roberge. «Ce n’est pas un bluff, affirme-t-il. Ce n’est pas quelque chose qu’on met au jeu pour le retirer ensuite. Si on met sur la table trois scénarios de baisse, c’est parce que c’est certain qu’on va avoir à la fin un chiffre qui sera une réduction.»
Les étudiants étrangers, exclus du calcul via le volet Diplômés depuis 2023 du PEQ, seront à nouveau comptabilisés, assure-t-on.
Immigration temporaire
Le gouvernement Legault tiendra également compte de l’immigration temporaire dans sa planification pluriannuelle, une nouveauté à Québec.
«On ne peut pas planifier sereinement l’immigration sans tenir compte de plus de 620 000 personnes qui habitent le territoire québécois», affirme M. Roberge.
Pour les travailleurs étrangers, le ministre parle d’une baisse d’environ 50% dans la région de Montréal et Laval, mais plus «modérée» ailleurs au Québec. Ottawa est invité à faire de même.
En parallèle, les troupes caquistes continuent de réclamer une diminution du nombre d’immigrants temporaires sous le contrôle d’Ottawa.
Traditionnellement, la demande visait à réduire de moitié les quelque 400 000 personnes présentes, mais comme leur nombre continue d’augmenter depuis, Québec fixe désormais un plafond.
«Le maximum, c’est 200 000», déclare Jean-François Roberge.
Moins pour Québec
Mais le gouvernement Legault n’est pas prêt, lui, à réduire de moitié les immigrants temporaires sous son contrôle.
Selon Jean-François Roberge, il ne faut pas mettre sur un même pied d’égalité un travailleur étranger installé en région, qui apprend le français, avec «un migrant temporaire sous le contrôle d’Ottawa qui s’installe on ne sait où».
«Travaille-t-il? Ne travaille-t-il pas? On ne le sait pas. Est-ce qu’il a des compétences? Est-ce qu’il a une qualification? On ne le sait pas», dit le ministre.
Nombre d’immigrants permanents au Québec
- 2018: 51 123
- 2019: 40 565
- 2020: 25 227
- 2021: 50 275
- 2022: 68 722
- 2023: 52 808
- 2024: 59 426
- 2025: ± 64 000 (prévision)
Source: Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration
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