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L'article provient de TVA Nouvelles

Immigration: facile de tomber dans deux pièges extrêmes

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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2024-01-27T10:00:00Z
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Avec la sortie de Guillaume Cliche-Rivard (GCR) de Québec solidaire, le débat sur l'immigration s'est complexifié. Mais il s'est aussitôt bêtement polarisé.

Depuis quelques semaines, on avait l'impression qu'un consensus se cristallisait. Le Canada et le Québec reçoivent trop d'immigrants pour les infrastructures actuelles. D'où les crises du logement, des salles de classe, des services hospitaliers.

GCR et QS ont raison: on ne peut faire des nouveaux arrivants la seule et unique cause de ces trois problématiques.

Reste que l'étude de Stéfane Marion et d'Alexandra Ducharme, de la Banque Nationale (intitulée «Le Canada est pris dans un piège démographique»), avait de quoi ébranler tout lecteur honnête.

En 2023, la population du Canada a augmenté de plus de 1,2 million, soulignaient les économistes. Il faudrait «remonter à 1949, lorsque Terre-Neuve a rejoint la fédération, pour voir la population [...] augmenter de plus de 600 000 personnes au cours d'une année donnée!»

Évolution

Cette argumentation a d'ailleurs forcé les libéraux de Trudeau et, après eux, ceux de Tanguay, à ajuster leur discours.

Il faudrait contrôler «un peu» la filière des étudiants étrangers, a concédé le PM fédéral.

Marc Tanguay a, pour sa part, dit une chose et son contraire: a) le nombre important de nouveaux arrivants met de la pression «sur les services publics». Le lendemain, il précisait b) qu'il ne fallait pas pour autant «fermer le robinet». Le seul problème? La «mauvaise planification» du gouvernement. Facile.

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  • Écoutez la rencontre politique entre Antoine Robitaille et Benoît Dutrizac via QUB :

Le péquiste Paul St-Pierre-Plamondon était aux anges. Sur l'air de «je vous l'avais bien dit», il a soutenu avoir, depuis deux ans, compris que la situation actuelle découlait d'une politique migratoire d'Ottawa relevant du «délire» idéologique.

Cliche-Rivard a voulu répliquer; rétablir «certains faits», voire dire «la vérité» (rien de moins) sur le sujet.

Personne ne possède la «vérité». Même pas QS. L'intéressant texte de GCR donnait toutefois dans l'angélisme. Tous les demandeurs d’asile sont-ils de « vrais » réfugiés? En lisant GCR, l'impression était que oui. Même chose pour les étudiants étrangers, envers qui GCR prônait une générosité sans limites. Pourtant 19 % n’étudient pas, selon Statistique Canada! Ils se servent d'usines à diplômes pour s'établir ici.

Et l'avenir du français? Pas un mot de GCR dans son texte. Il devrait consulter le libéral Monsef Derraji, sensible et éloquent sur cette question.

PHOTO TOMA ICZKOVITS
PHOTO TOMA ICZKOVITS

Deux pièges

Sous couvert de «lever le tabou» sur la question de l'immigration, certains «soufflent sur les braises de l'intolérance». Ils existent, mais pas dans notre classe politique, me semble-t-il.

Second piège: être incapable d'admettre le caractère pratiquement sans précédent du phénomène migratoire actuel, pour lequel aucune planification étatique n'aurait suffi.

Heureusement, Gabriel Nadeau-Dubois a concédé ceci jeudi, à propos des immigrants temporaires: «Est-ce que 500 000, c’est trop? La réponse, c’est oui.»

La nature du jeu partisan poussera les partis à se lancer des noms d'oiseau. Le bien commun exigerait pourtant qu'ils tentent ensemble de régler la question. À mon tour d'être angélique, je le sais.

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