Immatriculation: faire payer le vilain automobiliste
Les automobilistes du grand Montréal font le saut devant leurs frais d’immatriculation


Mario Dumont
159$ de plus pour son immatriculation sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Cette mesure est annoncée depuis des mois, mais son entrée en vigueur choque bon nombre de citoyens.
J’ai reçu des messages de frustration de plusieurs résidents de municipalités du grand Montréal. La réalité est ainsi faite: lorsque l’annonce d’une surtaxe sur l’immatriculation est mentionnée dans le bulletin de nouvelles, on maugrée un peu. Lorsque la facture rehaussée de la SAAQ arrive sur le coin du bureau, due pour être payée, c’est à ce moment qu’on jappe plus fort.
Dois-je rappeler que la surtaxe sur l’immatriculation doit aider à payer le transport en commun? L’impatience des automobilistes est donc exacerbée dans certaines municipalités où les services de transport collectif sont minimaux ou carrément absents. Là, la hausse s’apparente à une injustice, voire une insulte.
C’est le cas de Saint-Jean-Baptiste (de Rouville) sur la Rive-Sud. Cette ville a l’insigne honneur de faire partie du territoire de la CMM, mais ne jouit d’aucun service de transport en commun. Payer parce qu’on possède une voiture, ce qui nous confère un statut de vilain. Et payer même si cette voiture s’avère essentielle.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Mouvement d’opposition
Un jeune citoyen de l’endroit a donc décidé de prendre les grands moyens. Il conteste cette injuste surtarification et a lancé une pétition pour la combattre. Je lui ai permis d’expliquer son insatisfaction à mon émission matinale de radio. Dans les minutes suivantes, des messages sont rentrés de plusieurs autres municipalités périphériques de Montréal qui vivent la même réalité.
Refaisons l’histoire de cette surtaxe sur l’immatriculation. Les sociétés de transport en commun croupissent dans le rouge. Depuis la pandémie, c’est encore pire. La ministre des Transports refuse d’arriver à chaque fin d’année avec sa vadrouille et d’éponger tous les déficits. Elle l’a déjà trop fait.
La ministre des Transports a commandé un rapport qui démontre que ces organisations dépensent trop, que les conventions collectives y sont hors norme. Pour l’électrification, on vient de construire des garages à des prix exorbitants.
Faire le ménage?
Or vous l’aurez deviné, réduire les dépenses c’est trop dur. Tout est coulé dans le béton: les habitudes, les conventions, les contrats. Quelle est la solution facile restante? Aller piger dans la poche de monsieur madame Tout-le-Monde!
C’est ainsi que le gouvernement Legault et les municipalités, qui d’ordinaire sont pourtant à couteaux tirés, se sont entendus sur ce sujet. Le gouvernement a voté un article de loi qui octroie un nouveau pouvoir aux villes d’imposer cette taxe sur l’immatriculation.
Quelques semaines plus tard, la Communauté métropolitaine de Montréal a sauté dedans à pieds joints, utilisant au maximum le nouveau droit de taxer. La taxe sur l’immatriculation augmentait de 154% pour l’année 2025.
Permis, immatriculation, taxe sur l’essence, TVQ/TPS sur le véhicule et réparations: ceux qui croient que les automobilistes doivent être ciblés parce qu’ils ne paient pas leur part doivent refaire leurs calculs.