[IMAGES] Une égyptologue québécoise a récréé à l’aide de l’IA le visage d’une rare pharaonne qui a régné il y a 3500 ans
Le visage de Neferneferouaton a été reconstitué à partir d’une des rares statues de la reine


Mathieu-Robert Sauvé
En recréant le visage d’une rare pharaonne qui a régné il y a 3500 ans, une chercheuse de l’UQAM veut faire revivre une reine oubliée de l’Égypte ancienne.
«Je suis contente de redonner un visage à une reine qui a été plongée dans les oubliettes de l’Histoire pendant 3500 ans», explique au Journal Valérie Angenot, professeure d’histoire de l’art à l’UQAM.
Jointe en France, où elle achève une année sabbatique, Mme Angenot confie qu’elle caresse depuis plusieurs années l’idée de présenter un portrait actualisé de la reine-pharaonne Neferneferouaton, qui a régné autour de l’an 1336 avant notre ère. La reconstitution de son visage à partir d’une des rares statues dont l’authenticité fait consensus a été possible à l’aide du robot conversationnel ChatGPT.

Beaucoup de travail
Mais l’illustration ne s’est pas réalisée en quelques clics, précise-t-elle. «Plusieurs demandes étaient refusées par les algorithmes du robot conversationnel. Par exemple, il refusait net de générer des visages de personnalités publiques, encore moins de mineures», confie-t-elle.
Il a fallu travailler fort avec d’autres outils informatiques pour arriver à une image réaliste, tenant compte notamment du teint basané de la peau des habitants du Moyen-Égypte actuel.

On sait peu de choses sur Neferneferouaton, et la controverse perdure à son sujet. Certains croient qu’elle pourrait avoir été la célèbre épouse d’Akhenaton, Nefertiti, qui aurait régné après la mort du pharaon. Mme Angenot n’est pas de cette école. Il y a des ressemblances entre les deux femmes, mais Nefertiti aurait plutôt été sa mère.

Rare pharaonne
L’apport le plus significatif de cette reine aura été de redonner aux Égyptiens le culte de plusieurs dieux (ou polythéisme), qui avait été abandonné par son père, Akhenaton. Ce pharaon est le premier à avoir imposé un monothéisme en exigeant le culte exclusif d’Aton. Les Égyptiens auraient été ébranlés par ce changement, qui aurait bouleversé leurs rituels et leurs croyances. En rouvrant les lieux de cultes polythéistes, la reine aurait marqué l’Histoire.
«Le problème, c’est que ses successeurs ont effacé presque toutes les traces de son passage. Les pharaons n’aimaient pas que des femmes règnent sur l’Égypte», commente l’experte.

Mme Angenot prépare actuellement un article scientifique qui tentera de combler cette lacune, et l’image de la reine servira à l’illustrer. «Les Égyptiens disent que vous êtes vivant tant que votre nom est prononcé. Je crois avoir permis de lui redonner aussi un visage.»
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.