«Ils voulaient me forcer à partir»: des locataires sommés de partir avant une revente lucrative
Moins de quatre mois après l’achat, leur nouveau propriétaire a revendu ses immeubles le double du prix

Anouk Lebel
Pression pour résilier le bail, chèques non encaissés... des locataires montréalais dénoncent que leur nouveau propriétaire aurait tout fait pour les faire partir avant de revendre ses immeubles le double du prix quatre mois plus tard.
«Ils venaient cogner aux portes en personne ou nous téléphonaient. Ça pouvait aller de 6h le matin à 9h le soir. Moi, ça a été jusqu’à 15 fois par semaine», s’exaspère Daniel Collin.
Le signaleur routier habite, depuis environ neuf ans, un studio qui lui coûte 600$ par mois dans un immeuble de 28 logements de l’avenue Pierre-De Coubertin, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
Il affirme que les problèmes ont commencé quand son immeuble et l’immeuble voisin ont été vendus, fin octobre.
«Ils ont commencé à faire des travaux en face de chez moi, ils voulaient me forcer à partir», dit-il.
Chèques non encaissés
M. Collin affirme que c’est, entre autres, Avi Elkeslassy qui s’est présenté comme le nouveau propriétaire des immeubles.
Ce dernier est un employé de Leyad, une société immobilière dirigée par Henry Zavriyev, dont les locataires ont maintes fois dénoncé les tactiques pour les pousser à déménager.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
M. Elkeslassy n’est pas propriétaire des immeubles, qui ont plutôt été achetés par l’entreprise Immeubles Hercules. Il se serait toutefois présenté chez les locataires, toujours en se présentant comme le nouveau propriétaire.
«Il était avec un autre homme. Ils voulaient m’obliger à résilier mon bail. Ils m’ont dit que tant que je ne signerais pas, ils ne me laisseraient pas en paix», soutient par exemple Seydoux Zakané, qui habite l’un des immeubles depuis sept ans.
L’homme de 43 ans a entrepris des démarches au Tribunal administratif du logement (TAL) pour forcer le propriétaire à encaisser ses chèques de loyer.
«Ils n’ont pas encaissé mes chèques de janvier et février et refusaient de me donner un reçu», explique celui qui paie son logement 785$ par mois.
Revendus le double du prix
Les deux immeubles qui comprennent en tout 52 logements ont été achetés 7,6M$ le 28 octobre. Immeubles Hercules les a revendus 16M$ le 25 février dernier.
«C’est toujours la même technique. Ils sont très insistants. Ils frappent, appellent, mettent beaucoup de pression», explique l’avocat en droit du logement Manuel Johnson.
Il représente des locataires dans ces immeubles, mais aussi dans deux autres immeubles ayant appartenu à Immeubles Hercules, dans Notre-Dame-de-Grâce et à Lachine.
Ces deux immeubles achetés en juin 2024 ont aussi été revendus beaucoup plus cher moins d’un an plus tard.
Le cabinet de relations publiques National, qui représente Henry Zavriyev et son entreprise Leyad, nous a renvoyé au propriétaire.
Propriétaire d’Immeubles Hercules, le courtier immobilier Trifonas Terry Geramanis n’a pas répondu à nos demandes.
Son assistant a dit ne pas être courant de la situation, avant de nous raccrocher au nez.
– Avec la collaboration de Marie Christine Trottier, du Bureau d’enquête
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