Travailler à 40 et 50 degrés pendant la canicule: «On sort dehors pour se refroidir!»
La chaleur dans certains lieux de travail intérieurs devient carrément suffocante

Vincent Desbiens
Alors que la chaude température se fait sentir à l’extérieur dans la région de Québec et partout en province, celle ressentie dans certains lieux de travail intérieurs devient carrément suffocante au cours de ce type de période caniculaire.
«On sort dehors pour se refroidir!» lance à la blague Alain Laflamme, copropriétaire avec son frère Guy de Teinturerie Française, une entreprise spécialisée dans le nettoyage à sec qui a pignon sur rue dans le quartier Maizerets.
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Dans les locaux de la compagnie familiale, une poignée d’employés s’affairent à nettoyer, repasser et classer les vêtements et les produits de leurs fournisseurs et de clients particuliers.
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Le thermostat de la boutique, «au frais» dans un coin, affiche 100 degrés Fahrenheit (37,7 degrés Celsius). Dans les secteurs les plus chauds, près des planches à repasser industrielles, Le Journal a pu très rapidement constater que la chaleur y est insoutenable pour les non-initiés.

«Je dirais qu’on vient à s’habituer, mais ça fait neuf ans que je suis ici et mon corps n’est pas encore tout à fait rendu là», souligne Jonathan Charron, le chandail trempé et le front perlant de sueur.

«C’est un enjeu majeur pour le recrutement. Les gens sont bien avec la gang, ils aiment les tâches à effectuer, mais c’est la chaleur qui les pousse à partir. Ce n’est pas fait pour tout le monde», avoue Guy Laflamme, juste avant de fermer boutique pour permettre à son équipe de se reposer en ce cuisant après-midi.

Sourire aux lèvres
Même si l’air saturé d’humidité est à peine respirable dans leur lieu de travail, les salariés et leurs patrons prennent un malin plaisir à se taquiner et effectuent leur besogne le sourire aux lèvres.

«Il faut bien avoir du fun, parce que les journées seraient longues en tabarouette sinon! Ça fait 30 ans que je suis ici puis j’aime ça; l’ambiance est bonne et ça aide à oublier la chaleur», soutient André Labbé.
«On a connu pire»
Bien à l’écart des fourneaux, le thermomètre affichait 40,4 degrés Celsius au passage du Journal dans les cuisines du Casse-croûte Pierrot. Il s’agissait toutefois d’un «petit lundi» pour Marc Lavallée et Gaël Éon, deux vétérans de l’industrie qui ont connu bien pire que les espaces flambant neufs du commerce qui a déménagé plus loin sur la 1re Avenue en 2020.

«On a connu pire. À l’ancienne place, c’était épouvantable, un vrai four. Des fois, ça montait jusqu’à 50 degrés dans la petite cuisine. On pouvait refuser de travailler. Ici, on est gâtés», lance en riant M. Lavallée.

Aux yeux de son collègue, ce sont les changements brusques de température qui sont les plus infernaux.
«Quand tu passes de 40 degrés en cuisine à -20 dans le congélateur et que tu ressors juste après, c’est dur. Les jeunes font l’erreur d’aller se cacher dans la chambre froide pour se rafraîchir, mais c’est pire, sincèrement.»

Chaleur record
Plusieurs records de chaleur ont été pulvérisés dans les dernières heures à travers le Québec et la capitale ne fait pas exception.
Vers 14h lundi, la station météo de l’aéroport Jean-Lesage a enregistré une température de 31,9 degrés, d’après Environnement Canada. Depuis 2020, l’ancien record était de 31,1 degrés.
Selon le météorologue Gerald Cheng de l’organisation pancanadienne, la vague de chaleur devrait perdurer jusqu’à la nuit de mardi à mercredi avant l’arrivée d’un front froid depuis l’ouest.
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