Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Travailler à 40 et 50 degrés pendant la canicule: «On sort dehors pour se refroidir!»

La chaleur dans certains lieux de travail intérieurs devient carrément suffocante

Partager
Photo portrait de Vincent Desbiens

Vincent Desbiens

2025-08-12T04:00:00Z
2025-08-12T09:29:08Z
Partager

Alors que la chaude température se fait sentir à l’extérieur dans la région de Québec et partout en province, celle ressentie dans certains lieux de travail intérieurs devient carrément suffocante au cours de ce type de période caniculaire. 

«On sort dehors pour se refroidir!» lance à la blague Alain Laflamme, copropriétaire avec son frère Guy de Teinturerie Française, une entreprise spécialisée dans le nettoyage à sec qui a pignon sur rue dans le quartier Maizerets.

Les employés de Teinturerie Française, à Québec, sont habitués de travailler sous une intense chaleur. La canicule en ajoute toutefois une couche.
Les employés de Teinturerie Française, à Québec, sont habitués de travailler sous une intense chaleur. La canicule en ajoute toutefois une couche. Photo Vincent Desbiens

Dans les locaux de la compagnie familiale, une poignée d’employés s’affairent à nettoyer, repasser et classer les vêtements et les produits de leurs fournisseurs et de clients particuliers.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Publicité

Le thermostat de la boutique, «au frais» dans un coin, affiche 100 degrés Fahrenheit (37,7 degrés Celsius). Dans les secteurs les plus chauds, près des planches à repasser industrielles, Le Journal a pu très rapidement constater que la chaleur y est insoutenable pour les non-initiés.

Même si l’air climatisé fonctionne à plein régime, la température refuse de baisser sous la barre des 37,7 degrés Celsius dans les locaux de la Teinturerie Française.
Même si l’air climatisé fonctionne à plein régime, la température refuse de baisser sous la barre des 37,7 degrés Celsius dans les locaux de la Teinturerie Française. Photo Vincent Desbiens

«Je dirais qu’on vient à s’habituer, mais ça fait neuf ans que je suis ici et mon corps n’est pas encore tout à fait rendu là», souligne Jonathan Charron, le chandail trempé et le front perlant de sueur.

Jonathan Charron s’exécute sur la presse à repasser après s’être épongé le front et avoir pris une bonne gorgée d’eau.
Jonathan Charron s’exécute sur la presse à repasser après s’être épongé le front et avoir pris une bonne gorgée d’eau. Photo Vincent Desbiens

«C’est un enjeu majeur pour le recrutement. Les gens sont bien avec la gang, ils aiment les tâches à effectuer, mais c’est la chaleur qui les pousse à partir. Ce n’est pas fait pour tout le monde», avoue Guy Laflamme, juste avant de fermer boutique pour permettre à son équipe de se reposer en ce cuisant après-midi.

Les employés de Teinturerie Française, à Québec, sont habitués de travailler sous une intense chaleur. La canicule en ajoute toutefois une couche.
Les employés de Teinturerie Française, à Québec, sont habitués de travailler sous une intense chaleur. La canicule en ajoute toutefois une couche. Photo Vincent Desbiens
Sourire aux lèvres

Même si l’air saturé d’humidité est à peine respirable dans leur lieu de travail, les salariés et leurs patrons prennent un malin plaisir à se taquiner et effectuent leur besogne le sourire aux lèvres.

Publicité
Le fils de Guy Laflamme, Martin, travaille au sein de l’entreprise familiale depuis plus de 16 ans. Pour lui, la chaleur et la vapeur font partie du quotidien depuis sa tendre enfance.
Le fils de Guy Laflamme, Martin, travaille au sein de l’entreprise familiale depuis plus de 16 ans. Pour lui, la chaleur et la vapeur font partie du quotidien depuis sa tendre enfance. Photo Vincent Desbiens

«Il faut bien avoir du fun, parce que les journées seraient longues en tabarouette sinon! Ça fait 30 ans que je suis ici puis j’aime ça; l’ambiance est bonne et ça aide à oublier la chaleur», soutient André Labbé.

«On a connu pire»

Bien à l’écart des fourneaux, le thermomètre affichait 40,4 degrés Celsius au passage du Journal dans les cuisines du Casse-croûte Pierrot. Il s’agissait toutefois d’un «petit lundi» pour Marc Lavallée et Gaël Éon, deux vétérans de l’industrie qui ont connu bien pire que les espaces flambant neufs du commerce qui a déménagé plus loin sur la 1re Avenue en 2020.

Gaël Éon (à gauche) et Marc Lavallée (à droite) sont des habitués des grandes chaleurs en cuisine. Il faut dire que les nouveaux locaux du Casse-croute Pierrot de Limoilou n’ont rien à voir avec l’étroite cuisine de l’ancien commerce de la 1re Avenue.
Gaël Éon (à gauche) et Marc Lavallée (à droite) sont des habitués des grandes chaleurs en cuisine. Il faut dire que les nouveaux locaux du Casse-croute Pierrot de Limoilou n’ont rien à voir avec l’étroite cuisine de l’ancien commerce de la 1re Avenue. Photo Vincent Desbiens

«On a connu pire. À l’ancienne place, c’était épouvantable, un vrai four. Des fois, ça montait jusqu’à 50 degrés dans la petite cuisine. On pouvait refuser de travailler. Ici, on est gâtés», lance en riant M. Lavallée.

Devant les fourneaux, même les plus habitués, comme M. Lavallée, en prennent pour leur rhume en période de canicule.
Devant les fourneaux, même les plus habitués, comme M. Lavallée, en prennent pour leur rhume en période de canicule. Photo Vincent Desbiens

Aux yeux de son collègue, ce sont les changements brusques de température qui sont les plus infernaux.

«Quand tu passes de 40 degrés en cuisine à -20 dans le congélateur et que tu ressors juste après, c’est dur. Les jeunes font l’erreur d’aller se cacher dans la chambre froide pour se rafraîchir, mais c’est pire, sincèrement.»

Tous les employés rencontrés par «Le Journal» l’ont souligné: la clé pour résister à cette chaleur, c’est de bien s’hydrater. Teinturerie Française et le Casse-croûte Pierrot ont d’ailleurs pensé à tout le nécessaire pour que leurs employés restent au frais.
Tous les employés rencontrés par «Le Journal» l’ont souligné: la clé pour résister à cette chaleur, c’est de bien s’hydrater. Teinturerie Française et le Casse-croûte Pierrot ont d’ailleurs pensé à tout le nécessaire pour que leurs employés restent au frais. Photo Vincent Desbiens
Chaleur record

Plusieurs records de chaleur ont été pulvérisés dans les dernières heures à travers le Québec et la capitale ne fait pas exception.

Vers 14h lundi, la station météo de l’aéroport Jean-Lesage a enregistré une température de 31,9 degrés, d’après Environnement Canada. Depuis 2020, l’ancien record était de 31,1 degrés.

Selon le météorologue Gerald Cheng de l’organisation pancanadienne, la vague de chaleur devrait perdurer jusqu’à la nuit de mardi à mercredi avant l’arrivée d’un front froid depuis l’ouest.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité