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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

«Ils détruisent des vies»: une liste sur internet dénonce des fonctionnaires américains pro-diversité

Donald Trump Trump avait attaqué les politiques de diversité dans l’embauche de contrôleurs aériens au lendemain d'une collision entre en avion de ligne et un hélicoptère militaire à Washington
Donald Trump Trump avait attaqué les politiques de diversité dans l’embauche de contrôleurs aériens au lendemain d'une collision entre en avion de ligne et un hélicoptère militaire à Washington MEGA/WENN
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AFP

2025-02-12T13:25:41Z
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Un groupe de conservateurs a semé la panique dans des agences de santé aux États-Unis après avoir diffusé sur internet une liste d'une cinquantaine de leurs fonctionnaires, leur reprochant d'avoir encouragé les politiques d'inclusion des femmes et des minorités raciales ou sexuelles.

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Publiée en novembre, la «liste de surveillance DEI» (en référence aux politiques promouvant la diversité, l'équité et l'inclusion) suscite l'inquiétude alors que Donald Trump a lancé une offensive contre ces programmes qu'il juge «discriminatoires».

«Au début, j'ai un peu ressenti de la peur: "Ma vie va-t-elle changer pour toujours?" Ensuite, je crois que c'est devenu un peu de la colère», confie à l'AFP une personne figurant sur la liste, et qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.

Le site a constitué une sorte de dossier pour chaque fonctionnaire, la plupart des femmes et des personnes noires, qui y étaient initialement désignées comme des «cibles» pour avoir selon lui encouragé des politiques «DEI».

Y figurent leur nom, leur photo, leur poste ainsi qu'une liste d'«infractions». Celles-ci comprennent notamment des dons aux démocrates, la publication de messages critiques à l'égard de Donald Trump ou, au contraire, de soutien envers le mouvement de protestation antiraciste Black Lives Matter.

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«Ils détruisent des vies»

Cette pratique consistant à révéler des informations privées permettant d'identifier quelqu'un en ligne (appelée «doxxing») met les gens en danger physique», dénonce Georges Benjamin, à la tête de l'American Public Health Association, une association de défense des droits des professionnels de la santé publique aux États-Unis.

«Ça me choque, ça me blesse, ça me fait peur pour mes amis», confie-t-il, se disant «consterné» par le fait que le site ciblait surtout des personnes de couleur qui n'occupent pas des postes à responsabilité.

La diffusion de leurs photos, dit-il, lui rappelle aussi le cas d'une employée électorale de Géorgie, harcelée après avoir été accusée à tort de fraude en 2020, conformément au discours trumpiste. Elle avait reçu des millions de dollars dans le cadre d'un procès en diffamation.

«Ils détruisent des vies», insiste Georges Benjamin.

À l'origine du site, l'American Accountability Foundation a déclaré qu'elle prévoyait d'y ajouter de nouveaux noms.

Ce groupe conservateur avait déjà publié des listes d'employés d'autres agences fédérales, notamment du ministère de la Sécurité intérieure, où il avait diffusé les noms de personnes accusées de, selon lui, faire obstacle à la sécurisation des frontières.

L'an dernier, le groupe avait reçu une subvention de 100 000 dollars du cercle de réflexion conservateur Heritage Foundation, à l'origine du programme politique «Project 2025», honni par la gauche pour ses propositions jugées extrêmes et qui se voulait la feuille de route de la nouvelle présidence Trump.

«Idéologies extrêmes de gauche»

Le porte-parole de l'American Accountability Foundation, Yitz Friedman, balaie les critiques selon lesquelles la «liste DEI» pourrait mettre en danger des fonctionnaires.

«Nous n'avons fait qu'examiner des informations publiques», affirme Yitz Friedman à l'AFP. Selon lui, le site a été créé pour «dévoiler» l'identité des fonctionnaires du gouvernement qui promeuvent «des idéologies extrêmes de gauche et racistes».

Sa propre équipe a, dit-il, reçu des menaces depuis le lancement du site.

La «liste de surveillance DEI» apparaît désormais en tête des résultats de recherches sur Google contenant les noms de certains de ces employés, a constaté l'AFP.

Plus d'une dizaine des employés fédéraux figurant sur la liste ont supprimé leur profil sur la plateforme professionnelle LinkedIn.

L'un d'eux a écrit sur Instagram qu'il était «harcelé».

La personne interrogée par l'AFP, dont le nom figure sur la liste, dit avoir déposé plainte: «Nous sommes encore plus déterminés à conserver notre emploi et à nous battre».

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