Il y a six Montréal en France. L’un d’eux a-t-il donné son nom à celui du Québec? Mystère

Normand Lester
L’Association des Montréal de France a été constituée en 1966 pour développer des relations entre elles dans les domaines culturel, associatif et sportif. Elle a été rejointe par la commune allemande Monreal Eifel. Il en existe aussi en Espagne, au Portugal, en Italie et ailleurs.
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Ces villages portent le nom de Montréal généralement en raison d’une position surélevée et en l’honneur d’un roi. Mais pas tous.
Montréal-la-Cluse dans l’Ain
Les seigneurs de Thoire firent construire vers 1244-1248 un château qu’ils appelèrent Montréal (Mons Régalis). Au 18e siècle, le développement des routes royales y entraîne la création d’un relais au carrefour des routes Lyon-Genève et Genève-Bourg. Montréal-la-Cluse compte quelque 3500 habitants.
L’église Saint-Maurice de Montréal est dédiée à Maurice, le chef légionnaire noir qui a refusé l’ordre de massacrer des chrétiens en révolte (303). Ils furent exécutés à ce qui deviendra Saint-Maurice, en Suisse.
Montréal de l’Aude
Le village de 2090 habitants près de Carcassonne, à 75 km de Toulouse, est dominé par sa magnifique église Collégiale du 14e siècle, encore imprégnée de l’épopée cathare qui embrasa le midi de la France au 13e siècle. Son vignoble offre une large gamme de vins: AOP Malepère, Pays d’Oc, Aude Côtes de Prouilhe.
Montréal en Ardèche
Village de 590 habitants à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest d’Avignon, près des Gorges de l’Ardèche et de la Grotte Chauvet-Pont d’Arc.
La première mention de ce Montréal remonte aux environs de 1165. Son implantation en un lieu élevé est sans doute liée à la présence de mines d’argent à proximité que son château permettait de surveiller. L’évêque de Viviers, seigneur de Montréal, était l’un des copropriétaires de ces gisements.
Montréal-les-Sources dans la Drôme
Il n’y a aucun vestige de château dans ce petit village juché sur un promontoire rocheux qui ne compte qu’une trentaine d’habitants auxquels s’ajoute une vingtaine l’été qui y possède une résidence secondaire.
Son appellation Montréal dérive-t-elle de «Montrieau», le village «là-haut où il y a de l’eau»: des sources, des ruisseaux et des torrents?
En 1947, un habitant de Montréal a découvert l’épitaphe d’un légionnaire romain qui était rentré au pays où il avait reçu des terres pour services rendus.
Montréal en Bourgogne
Mont-Réal fut sans doute fondé dans la seconde moitié du 9e siècle. Au début du 11e siècle, les Anséric sont les seigneurs de Montréal. Deux d’entre eux furent sénéchaux de Bourgogne. Anséric II, après s’être illustré lors de la deuxième croisade (1147), fit bâtir la Collégiale de la ville.
Montréal, l’une des clefs de la Bourgogne, fut dévastée par la guerre de Cent Ans. Décimée par les tueries, les famines et les épidémies de peste, sa population chuta dramatiquement.
À la fin des guerres de religion en 1599, ses fortifications furent démantelées, et Montréal ne fut plus qu’un bourg agricole et viticole. 200 personnes y vivent à l’année.
Montréal-du-Gers

La commune de 1176 habitants est située en Dordogne, dans la région Midi-Pyrénées.
C’est une des premières cités fortifiées surélevées (oppidum) du Gers, fondée en 1255 par Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis, roi de France. Durant la guerre de Cent Ans, les Anglais et les Français se la disputent, à la suite de quoi elle connaîtra un calme relatif jusqu’aux guerres de religion. François 1er y présida les États de Bourgogne en 1542. Son imposante Collégiale lui valut d’être classée parmi les «plus beaux villages de France».
Montréal est le chef-lieu du canton le plus viticole du Gers, dont une des spécialités est l’armagnac, la plus ancienne eau-de-vie.

«Montréalités»
- Lors de son deuxième voyage au Canada (1535), Jacques Cartier est accompagné par Claude de Pontbriand, fils du seigneur de Montréal-du-Gers.
- Onze ans plus tard, «Mont Real» apparaît sur un plan dans le livre du géographe italien Ramusio, Delle navigationi et viaggi (1556). Le dessin représente le village palissadé d’Hochelaga tel que décrit par Cartier.
- L’historiographe François de Belleforest en 1575 fut le premier à écrire Montréal: «[...] au milieu de la compaigne est le village, ou Cité royale jointe à une montagne cultivée, laquelle ville les Chrestiens appellèrent Montréal».
- À l’époque des croisades, Baudouin de Bourgogne, alors roi de Jérusalem, fit construire dans ce qui est maintenant la Jordanie un château fort qu’il nomma «Mont Réal».