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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

C’est confirmé: il y aura plus de nickel dans l’air au Québec

Photo Chantal Poirier
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Nicolas Lachance | Bureau parlementaire

2022-04-06T01:03:23Z
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Malgré les critiques et les oppositions, le gouvernement du Québec va de l’avant avec son règlement qui lui permet de quintupler les quantités de particules de nickel dans l’air quotidiennement sur son territoire. 

Dès le 28 avril, le Règlement sur l'assainissement de l'atmosphère entrera en vigueur. Le Conseil des ministres a récemment pris le décret l’édictant, confirmant que la nouvelle norme de nickel dans l’air passera à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) par jour, ainsi qu’à 20 ng/m3 en moyenne par année.  

La norme actuelle est de 14 ng/m3 en tout temps.  

Pourtant, de nombreux scientifiques, citoyens de Limoilou et d’ailleurs s’y opposaient. Le maire de Québec, Bruno Marchand, s’oppose aussi à la hausse après avoir entendu les explications des experts du gouvernement et de la Santé publique régionale. 

«Le Comité interministériel d'examen de la norme sur le nickel, dont les travaux ont été déposés en mars 2019, avait conclu qu'il était à la fois avantageux et sécuritaire de modifier la norme sur le nickel prescrite par le Règlement sur l'assainissement de l'atmosphère, afin d'obtenir une solution optimale sur les plans économique, environnemental et social», plaide le gouvernement dans son communiqué.  

«La norme annuelle est la norme la plus utilisée à l'international, plusieurs États n'appliquant pas de norme journalière.» 

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Depuis plusieurs semaines, le ministre de l’Environnement Benoit Charette plaidait que la hausse de la norme est appuyée sur des données et des études scientifiques. 

Pour le gouvernement Legault, le nickel est «une composante clé pour l’électrification des transports» et pour sa stratégie de développement de la filière de batteries pour véhicules électriques. 

Le maire déçu 

Le maire de Québec n'a pas tardé à réagir à la décision du gouvernement Legault. «La décision du ministre est contraire à la position que le conseil municipal a adoptée de façon unanime le 7 février dernier. Je ne peux certainement pas m’en réjouir», a exprimé Bruno Marchand dans une déclaration écrite.  

Pour lui, le gouvernement avait le «devoir» d'expliquer comment il peut faire appliquer la réglementation. «Je rappelle que nous avons fait la démonstration qu’il y a des dépassements fréquents de la norme actuelle et qu’elles ne sont pourtant jamais sanctionnées. Le ministère de l’Environnement doit maintenant expliquer aux citoyens qui sont inquiets pour leur santé de quelle façon il va faire respecter la nouvelle norme. D’ici là, nous allons évidemment collaborer avec le ministère pour l’installation de la nouvelle station de mesure qui a été promise.» 

Des parents de Limoilou sont néanmoins très inquiets pour la santé de leurs enfants en raison de la qualité de l’air dans le secteur qui est affectée par de la poussière de nickel. 

Dans un mémoire de 227 pages rendu public récemment, la Ville de Québec réclame «une exception» afin d’être «exclue» de l’application de la nouvelle norme. 

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Québec a refusé cette demande.  

Pas d’acceptabilité sociale

Les partis d'opposition ont également réagi en critiquant vivement la décision du gouvernement de la CAQ. 

«Comment François Legault peut parler d’acceptabilité sociale pour le tramway quand il s’en contrefiche sur nickel? La Coalition Avenir Québec ne respecte pas la Loi sur développement durable et le principe de précaution. Les électeurs s’en souviendront», a écrit Sylvain Gaudreault.  

La libérale Isabelle Melançon estime quant à elle que le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, n’est plus crédible. 

«On a un ministre de l'Environnement qui hausse les seuils de nickel dans l'air, qui autorise le rejet de résidus miniers dans des lacs, qui dit qu'il n'a pas besoin du BAPE pour le 3e lien, qui croit que le tunnel caquiste va réduire l'étalement urbain », a-t-elle indiqué.  

Le chef de l'opposition officielle à l'hôtel de ville de Québec, Claude Villeneuve, était aussi choqué, hier. «L'acceptabilité sociale, c'est un beau concept à brandir quand on veut mettre des conditions au tramway, mais c'est pas une condition quand il est question de la qualité de l'air des gens de Québec.» 

Le gouvernement trouvera la population du centre-ville sur son chemin dans les prochains mois, croit-il. «En gros, on sacrifie l'air des gens de Québec pour sauver des jobs à Bécancour.» La question sera selon lui un enjeu électoral dans la région cet automne.  

-Avec la collaboration de Stéphanie Martin

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