Fitzgibbon est un «atout» pour le gouvernement, plaide Legault
Le ministre de l’Économie admet une «apparence» de conflit d’intérêts

Geneviève Lajoie
Même si Pierre Fitzgibbon reconnaît que son investissement dans un fonds qui a fait du lobbyisme auprès de son propre ministère peut entraîner une « apparence » de conflit d’intérêts, François Legault juge que son ministre de l’Économie est toujours un « atout » pour le gouvernement.
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Le premier ministre s’est porté une nouvelle fois mercredi à la défense de Pierre Fitzgibbon, qui a été la cible d’attaques croisées des partis d’opposition à l’Assemblée nationale.
Le ministre de l’Économie a des intérêts dans White Star, un fonds géré dans un paradis fiscal, qui a tenté d’obtenir « un appui politique ou financier » pour un investissement public supplémentaire potentiel de 20 millions $ en 2020.
Notre Bureau d’enquête a révélé que M. Fitzgibbon avait même joué les entremetteurs en 2019 entre François Legault et le cofondateur du fonds. Une photo a immortalisé la rencontre, qui s’est déroulée à Paris.
- Écoutez l'entrevue de Pierre Fitzgibbon avec Benoît Dutrizac, sur QUB radio:
Le premier ministre soutient qu’il ne connaît pas les hauts dirigeants de White Star. « Des photos, dans un voyage, j’en prends beaucoup avec des gens d’affaires qui veulent se faire photographier avec moi », a-t-il commenté.
Problème de perception
Le ministre Fitzgibbon a répété mercredi qu’il n’est jamais intervenu directement, dans le cadre de ses fonctions, pour favoriser ses intérêts personnels. « Il y a zéro conflit d’intérêts », a-t-il scandé.
Mais il admet du bout des lèvres un problème de perception. « Apparence, peut-être, oui, mais c’est ça, l’apparence, on a joué dans ce film-là, a-t-il admis mercredi. White Star est un fonds mutuel. J’ai investi en 2014, ils ont des investissements de partout dans le monde. Quand j’arrive en politique, le fonds est en liquidation ».
Et la rencontre entre son chef et le cofondateur de White Star dans l’Hexagone était fortuite, soutient M. Fitzgibbon. Selon lui, ces nouvelles révélations ne sont que « du bruit sur la ligne » et de « l’acharnement » qui ne nuisent pas à son gouvernement. Il ne croit donc pas qu’il doive quitter son poste, comme le réclame haut et fort l’opposition.
Legault contredit Fitzgibbon
Le ministre de l’Économie affirme que ses intérêts dans White Star étaient connus du premier ministre. Il ne se souvient pas, toutefois, s’il a rappelé à son chef ce soir-là qu’il avait des actions dans le fonds.
La version de François Legault est différente. « Non, à l’époque, je ne le savais pas qu’il avait un investissement dans l’entreprise avec le gars avec qui je me suis fait photographier », a-t-il précisé.
Dans l’opposition, les libéraux et les solidaires demandent qu’il soit démis de son poste de ministre de l’Économie le temps qu’il se conforme au code d’éthique des députés de l’Assemblée nationale.
Ce qu’ils ont dit
« N’est-il pas temps de reconnaître qu’il est un boulet pour le gouvernement ? » –Marc Tanguay, PLQ
« Un chum, c’est encore un chum » –Gabriel Nadeau-Dubois, QS
« Tous les observateurs vous confirmeront qu’il s’agit d’un conflit d’intérêts flagrant » –Martin Ouellet, PQ