«Il y a toujours quelque chose à gérer»: les restos québécois ont jusqu’au 31 mai pour moderniser leur système de factures

Marie-Laurence Delainey
L’obligation de moderniser le système d’enregistrement des ventes le 31 mai irrite bien des restaurateurs, toujours essoufflés après l’entrée en vigueur de la loi sur les pourboires et les relents de la COVID-19.
«C’est tellement lourd [...] Il y a toujours quelque chose à gérer», déplore Francine Brûlé, présidente et fondatrice des restaurants Les Enfants Terribles.
Elle se serait passée de cette transition.
«Ça coûte très cher, il faut faire des changements d’équipements [...] Ils sont tous là à nos portes à vouloir nous faire changer quelque chose. Comme si on avait gagné à la loto après la pandémie [...] Parce qu’on sort toujours de cette fichue pandémie», rappelle-t-elle.
D’ici le 31 mai, tous les restaurants au Québec devront remplacer leur module physique d’enregistrement des ventes (MEV) par un système basé sur le nuage informatique, afin de stocker les transactions en temps réel, ou presque, sur le site de Revenu Québec.
Ceux qui auront signé une entente avec un fournisseur pour se conformer auront un délai supplémentaire de trois mois.

Cette transition qui vise entre autres à limiter l’évasion fiscale inclut aussi un code QR sur chaque facture permettant au client de retrouver une copie de ses dépenses sur le site de Revenu Québec.
La plupart des restaurants, comme l’Oregon à Laval, ont donc dû modifier leur équipement.
«Mon système imprime trois factures très longues pour chaque client, en raison des nouvelles demandes de Revenu Québec, du papier, ça coûte très cher [...] La COVID nous a frappés, là, c’est le MEV, la loi [sur les pourboires]», se plaint le propriétaire Anthony Filiatrault.

«C’est extrêmement demandant»
L’équipe des technologies de l’information des 108 restaurants St-Hubert travaille sur ce projet depuis plus d’un an afin de respecter les délais. Sa directrice n'est pas irritée par cette transformation, car elle comprend l’objectif derrière, mais elle admet que le processus est complexe.
«C’est extrêmement demandant, juste pour faire les tests et adapter tous nos systèmes [...] Avant, tu avais une boîte qui était connectée à la caisse à travers les câbles et les imprimantes[...] C’est pas tout le monde en restauration qui peut débrancher ça et que la caisse continue de fonctionner», explique Nathalie Ouellette.

Difficile de respecter les délais
Selon l’entreprise qui installe les nouveaux systèmes, PayFacto, les dépenses associées à la transition ont poussé des restaurateurs à retarder le projet.

«On est très très loin du compte en ce moment [...] On sait qu’on va être capables [d’aider] tous ceux qui auront un contrat à partir du 31 mai, si les gens attendent [...] on aura probablement des enjeux de déploiement», concède le vice-président exécutif marketing chez PayFacto, Denis Robert. Selon lui, des milliers de restaurateurs ne sont toujours pas conformes ou en voie de l’être.
Revenu Québec rappelle que la transition est connue depuis plusieurs années et que les contrevenants s’exposent à des sanctions «allant de 100$ à 100 000$», précise le chef du service des relations publiques de Revenu Québec, Charles Bolduc. Il précise avoir une équipe dédiée à l’accompagnement des restaurateurs.