«Aucun compromis sur la qualité»: la peinture recyclée, une ressource sous-estimée


Félix Desjardins
Après des années de développement et de perfectionnement, la peinture recyclée a pris du gallon. Elle représente aujourd’hui une façon écologique d’économiser sans compromis.
Depuis une vingtaine d’années, des dizaines de millions de kilos de peinture ont été détournés des sites d’enfouissement grâce au programme de récupération Éco-Peinture. La compagnie québécoise Peinture Laurentide en a profité pour développer sa ligne Boomerang, qui offre aujourd’hui un produit de milieu de gamme à faible coût.

«La peinture recyclée, elle n’a jamais été utilisée, précise André Buisson, président et chef de la direction de Société Laurentide. On ne la gratte pas des murs.»
«Il y a tellement d’économies au niveau de la matière première que cette économie-là est transférée automatiquement au consommateur, enchaîne son associé Jordan Rivest, directeur des ventes pour la peinture architecturale. Il y a l’économie et l’écologie, mais il n’y a aucun compromis sur la qualité.»
«Tributaire du marché»

Les habitudes de consommation des Québécois contribuent curieusement à la qualité des produits recyclés disponibles sur les tablettes. La popularité des peintures 100% acrylique et deux en un, par exemple, améliore la qualité globale de la peinture recyclée traitée par Boomerang.
«On est tributaire du marché, ajoute M. Rivest. Ce qu’on reçoit, c’est du milieu et du haut de gamme. Chimiquement, ce serait impossible de faire un produit d’entrée de gamme.»

Certes, la peinture recyclée comprend certaines limites, en commençant par le choix des couleurs disponibles et son odeur plus âcre, mais elle permet d'économiser écologiquement.
Patrick Behr, expert en peinture au RONA+ du Marché central, recommande les produits Boomerang aux clients qui ont plus de temps sur les mains, puisqu'elle prend généralement 12 heures à sécher. Il vante le rapport qualité-prix de la peinture recyclée pour son opacité et ses avantages écologiques, mais ajoute néanmoins un bémol. «Il peut y avoir un enjeu [d'uniformité] dans les couleurs, donc on recommande de mélanger les pots pour une plus grosse job», conseille-t-il.
Si vous n’êtes pas séduit par la peinture recyclée, deux conseils pourront vous permettre d’économiser, à court et long terme: utiliser un des nombreux calculateurs de peinture sur le web pour éviter le gaspillage, et prioriser des produits de haute qualité, qui sont plus faciles à entretenir et qui ont une plus grande longévité.
Mieux préserver la peinture
De vieux pots de peinture encombrent-ils votre sous-sol? Vous pouvez déterminer leur condition en vous fiant à votre odorat avant de les apporter à un point de dépôt.
«En général, une peinture “périmée” dégagera une forte odeur aigre, et lorsqu’elle est mélangée ou secouée, elle ne sera pas homogène», explique Sharon Grech, experte en couleur et design chez Benjamin Moore.

La peinture est un produit plus capricieux qu’on peut l’imaginer. Même neuf, un gallon a une vie d’entreposage d’environ deux ans. Les pots entamés sont encore moins durables, mais leur date de péremption peut être repoussée s’ils sont bien préservés.

«Il y a trois ennemis pour la peinture: le gel, l’air et l’humidité, souligne Jordan Rivest. Si le gallon a plus d’air que de peinture, il y aura de l’évaporation et de la condensation.»