Il y a 16 ans aujourd’hui, Céline Dion chantait sur les Plaines

Samuel Pradier
Pour son 400e anniversaire, la ville de Québec s’est offert rien de moins que Céline Dion pour un concert spécial, le 22 août 2008. Une foule d’artistes québécois, choisis personnellement par la star, doivent l’accompagner, alors que l’organisation attend plus de 250 000 spectateurs.
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Après plus d’un an de négociation, le PDG de la Société du 400e anniversaire de Québec annonce, en octobre 2007, avoir paraphé un contrat avec Céline Dion pour un concert original sur les Plaines, dans le cadre des festivités de la ville. Pour la chanteuse, c’est un exercice d’équilibriste puisqu’elle devait déjà gérer deux versions de son spectacle en tournée (Taking Chances, en français et en anglais). S’ajoute donc à cela une troisième formule totalement différente, qui inclut une liste impressionnante d’invités avec lesquels elle doit chanter.
«C’est comme si je présentais un spectacle classique et que je tombais dans le rock and roll, raconte-t-elle en conférence de presse, quelques jours avant le rendez-vous sur les Plaines. On chante ensemble, mais ce ne sont pas mes chansons, c’est donc plus exigeant. Ça va être un moment très fort. Et je trouve ça vraiment hot de donner la chance au monde de voir ce spectacle gratuitement. Il y a tellement d’artistes extraordinaires au Québec, il faut que le 400e témoigne de nos racines à nous autres.»

Répétitions intenses
Au début du mois d’août, des rencontres ont eu lieu afin de choisir les invités et les chansons. La décision finale revient à Céline et à René Angelil, qui agit en tant que directeur artistique du spectacle. Un orchestre de 25 musiciens, dirigé par Scott Price, les accompagnera. En entrevue avec Le Soleil, René dévoile la réaction de Jean-Pierre Ferland, lorsqu’il lui a proposé de faire un duo avec Céline. «Quand je l’ai appelé, il s’est mis à réfléchir à voix haute: “J’ai dit à mes fans que je ne reviendrais plus, mais ce n’est pas vraiment un spectacle, c’est une chanson avec Céline. Ils vont comprendre ça, c’est correct.”»
Les répétitions se déroulent aux studios Piccolo, à Montréal. Témoin privilégié puisqu’il réalisait un documentaire sur l’événement, Stéphane Laporte s’est souvenu, au micro du 98,5 FM, de l’effervescence qui régnait. «C’était un festival en soi, parce que tous les artistes invités défilaient devant nos yeux. Ils étaient impressionnés et honorés de chanter avec Céline. Je n’avais jamais vu des chanteurs et des chanteuses aussi contents de répéter. Ils n’étaient pas pressés pantoute de s’en aller. On pouvait recommencer autant de fois que nécessaire. Et moi, ce que j’ai bien aimé, c’est de voir René diriger les répétitions. Il était vraiment impressionnant. Puis, c’est rare qu’on voie le directeur artistique à l’oeuvre.»
Honneurs
La veille du spectacle, Céline Dion était à Québec pour recevoir un hommage émouvant. Elle s’est en effet vu remettre un doctorat honorifique de l’Université Laval des mains du recteur Denis Brière en reconnaissance de ses «qualités artistiques et humaines remarquables». Pas mal pour une fille qui n’a pas fait de longues études. «À défaut d’être lettrée, je serai brève et sincère, a dit Céline en recevant son diplôme. Si vous me décernez cet honneur parce que j’ai bien fait les devoirs que la vie a mis sur mon chemin, alors je l’accepte avec plaisir, fierté même.»
Le jour J
Pour une rare fois, Céline Dion avouait être stressée, quelques heures avant le grand rendez-vous. «Je ne suis en compétition avec personne, mais je cherche toujours à donner le meilleur de moi-même, a-t-elle raconté au journal Le Soleil. Je ne veux pas désappointer les gens. Je veux qu’ils aient du plaisir.»
Et on peut dire que du plaisir, les centaines de milliers de spectateurs présents ce soir-là en ont eu beaucoup. Puisque la diva de Charlemagne a laissé beaucoup de place à ses invités, le spectacle aurait peut-être dû s’appeler Céline et ses amis sur les Plaines.
Après le numéro d’ouverture en solo, durant lequel elle a chanté uniquement des titres francophones, elle a accueilli Garou et interprété avec lui l’immense succès Sous le vent. Ont suivi Marc Dupré, Nanette Workman, la famille Dion, Dan Bigras, avec qui elle a offert une interprétation très touchante de Tue-moi, puis Mes Aïeux ont fait plaisir à la foule en entonnant leur hymne Dégénérations, pendant lequel Céline s’est aussi donnée à fond. Zachary Richard a fait une apparition, avant que Céline se fasse plus émouvante avec L’amour existe encore, en duo avec Éric Lapointe. Puis, ce fut au tour de Claude Dubois de monter sur scène, suivi par Jean-Pierre Ferland, qui a chanté Une chance qu’on s’a avec l’hôtesse de l’événement.
Mais le clou de la soirée reste l’invitée surprise, qui était nulle autre que Ginette Reno. Avec Céline et Ferland, elle a subjugué la foule en présentant une reprise d’Un peu plus loin. Ce trio était une idée de Céline, et on peut dire qu’elle a le sens du punch. «Le soir du spectacle, j’avais hâte aux dernières notes, je savais qu’il y aurait une explosion, a confié Ferland, l’auteur du texte, quelques semaines plus tard à La Presse. La chanson se prête à ça. Au départ, c’était une chanson de rupture, mais avec Céline et Ginette c’est devenu une chanson de retrouvailles. Dans les paroles, il y a une explication. Elles règlent un petit malentendu, pas un malaise: pourquoi Céline est devenue une star internationale et pas Ginette.»
L’extrait vidéo de cette finale grandiose cumule près de 9 millions de visionnements sur YouTube et reste un des moments les plus marquants de l’histoire de la musique québécoise.