Il voulait une indemnisation de victime: un ex-Hells Angels ne touchera pas un sou de l’État
Martin Bernatchez avait été la cible d’une tentative de meurtre dans un camping de Granby


Michael Nguyen
L’ex-chef du club élite des Hells Angels de l’Ontario ne touchera aucune indemnité de l’État après avoir été la cible d’une tentative de meurtre sur un terrain de camping de Granby, a tranché un tribunal administratif en rappelant qu’il n’était pas qu’une simple «victime innocente».
«Appartenir à ce club constitue en soi un comportement à risque. Une telle organisation est sous le feu des projecteurs depuis toujours et ses activités criminelles font régulièrement les manchettes», a récemment rappelé le Tribunal administratif du Québec.
Martin Bernatchez a ainsi été débouté dans sa demande d’obtenir des indemnisations en tant que victime d’acte criminel, à la suite d’une tentative d’assassinat survenue à L’EstriVal, anciennement connu sous le nom de Camping Tropicana, en Estrie à l’été 2016.

En pleine nuit, alors que Bernatchez se trouvait sur un terrain, un tireur s’était approché de lui après être passé par un boisé et avoir enjambé une rivière. Et juste après, il a tiré sur celui qui était alors président des Hells Angels Nomads de l’Ontario.
Selon les informations rapportées à l’époque, une lutte interne pour le contrôle du trafic de stupéfiants aurait pu être en cause.

Peu collaboratif
Bernatchez avait été atteint à trois reprises. Il avait été transporté à l’hôpital, mais était rapidement parti, «de peur d’être de nouveau attaqué», est-il relaté dans le document judiciaire.
«Monsieur a refusé fermement de collaborer avec les autorités policières ou de porter plainte et a démissionné de son club», est-il expliqué.
Mais s’il ne voulait rien savoir de la police, il a quand même contacté l’État, en demandant de recevoir de l’argent en vertu de la Loi sur l’indemnisation des victimes d’actes criminels.
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Bernatchez a toutefois appris que la loi exclut les victimes qui ont «par leur faute lourde, contribué à leurs blessures». Comme sa demande avait également été faite trop tardivement, il avait essuyé un premier refus.

Pas un simple club de moto
Cela n’avait pas plu à l’ex-Hells Angels, qui a porté la décision en appel, tentant de convaincre les juges administratifs que les Hells Angels n’étaient «qu’un club de passionnés de motocyclettes dont certains membres peuvent avoir des activités répréhensibles à l’extérieur de sa structure».
Il avait ajouté qu’il n’y avait pas de preuve que la tentative de meurtre est liée au crime organisé, même si son vice-président de l’époque avait lui aussi été ciblé quelques mois plus tôt.
Ces arguments n’ont pas impressionné les magistrats, qui ont refusé de lui signer le moindre chèque.
«[Les indemnisations] n’ont pas pour objectif de fournir une assurance-invalidité aux membres des groupes criminalisés, ont-ils tranché. Par sa faute lourde, il ne se qualifie pas à titre de victime au sens de la loi.»
S’il le désire, Bernatchez peut tenter de porter en appel la décision, bien que cela lui engendrerait encore plus de frais d’avocats.
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