Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Il voit enfin son bourreau condamné, 50 ans après les abus que celui-ci lui a fait subir au Mont d’Youville

L’agresseur de Roch Drolet, John Anthony O’Reilly, a écopé d’une peine de trois ans de pénitencier

Partager
Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-07-16T18:58:05Z
Partager

Un homme victime de sévices sexuels à l’orphelinat du Mont d’Youville a vécu mercredi le moment qu’il attendait depuis 50 ans en voyant celui qui lui a volé son enfance, John Anthony O’Reilly, prendre le chemin du pénitencier pour les trois prochaines années.

Roch Drolet fixait son bourreau qui traversait d’un pas lent la porte menant au quartier cellulaire du palais de justice de Québec après le prononcé de la peine.

Les yeux dans l’eau, le sexagénaire peinait à se sortir de sa stupeur quand le procureur de la Couronne, Me Michel Bérubé, lui a dit que c’était bel et bien fini.

«Il est parti, Roch.»

Ces mots, celui qui a subi des abus à répétition de O’Reilly les attendait depuis plusieurs années. Son combat aura été long et parsemé d’embûches, mais l’homme s’est dit fier d’avoir choisi de dénoncer.

«Ils peuvent dormir en paix»

Et, convaincu que l’éducateur a fait d’autres victimes qui n’ont jamais trouvé la force de sortir de l’ombre, Roch Drolet avait un message pour ces enfants brisés, comme lui.

«Je tiens à leur dire qu’ils peuvent dormir en paix. Il y en a au moins un de parti», a-t-il confié à sa sortie du tribunal.

Publicité

«De voir qu’on peut commettre un crime dans les années 70 puis être traduit en justice et partir au pénitencier 50 ans plus tard, il y a quelque chose là-dedans qui me réconforte dans mon sentiment de justice», a ajouté le procureur au dossier, saluant le courage de Roch Drolet dans le processus.

Abus répétés 

John Anthony O’Reilly avait plaidé coupable à un chef d’attentat à la pudeur en octobre 2024. Les gestes qui lui sont reprochés se sont déroulés au milieu des années 70, à l’orphelinat du Mont d’Youville. 

Roch Drolet avait entre 10 et 12 ans quand l’éducateur a abusé de lui. Ses gestes intrusifs, allant jusqu’à des «séances de masturbation», ont littéralement brisé le sexagénaire.

Ce dernier a lu une lettre mercredi pour décrire les conséquences qu’aura eues O’Reilly sur sa vie. Et, quand la juge Josée Lemieux a réalisé que l’accusé de 80 ans n’avait rien compris en raison de ses problèmes d’audition, elle a insisté pour relire l’intégrale de la déclaration de la victime.

John Anthony O’Reilly
John Anthony O’Reilly Photo PIERRE-PAUL BIRON

«Je pense que c’est important que vous entendiez les conséquences de vos gestes», a insisté la magistrate. «Vous aviez le devoir de protéger ces enfants, mais vous les avez abusés.»

O’Reilly avait été condamné, en 2010, à deux ans de prison pour des gestes à caractère sexuel et des comportements violents sur cinq autres victimes qui l’avaient qualifié à l’époque de «sadique».

Marqué à vie

Problèmes de drogues, d’alcool, tentatives de suicide, thérapies, diagnostics de stress post-traumatique et de trouble de la personnalité limite: la vie de Roch Drolet n’a rien eu de facile.

Publicité

Encore aujourd’hui, maintenant dans la soixantaine, l’homme dort avec ses vêtements et en barricadant sa porte, comme pour se prévenir d’être à nouveau agressé. Comme si, au fond de lui, il était encore ce garçon de 12 ans qui craignait toujours que la porte de sa chambre s’ouvre la nuit.

Son agresseur maintenant derrière les barreaux, M. Drolet espère pouvoir se reconstruire, petit à petit. Il a fait lever mercredi l’ordonnance de non-publication qui protégeait son identité afin de reprendre le contrôle de son histoire. Et il attend pour l’automne le chèque qu’il doit recevoir à la suite du règlement historique de 65 millions de dollars intervenu entre les victimes du Mont d’Youville, les Sœurs de la Charité et le CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Mais cette guérison risque fort bien de se faire loin de Québec. Car, pour Roch Drolet, la ville est encore imprégnée des abus qui ont façonné sa vie.

«J’espère qu’avec la fin des procédures, vous trouverez la paix que vous méritez», lui a souhaité la juge Lemieux.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité