Il vit un cauchemar à cause des tarifs de Trump


David Descôteaux
Un distributeur québécois de boissons sans alcool a choisi de cesser d’exporter aux États-Unis après des commandes bloquées aux douanes et des retours massifs à l’expéditeur qui lui coûtent une petite fortune.
«En quelques jours, on a vu fondre 35% de notre chiffre d’affaires», déplore Simon Poulin, PDG d’Upside Drinks, dans son entrepôt de Longueuil.
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Résultat: l’entreprise a suspendu ses expéditions vers les États-Unis.
La règle «de minimis» en cause
«On est un distributeur. On achète directement des producteurs partout, dont au Québec, et on revend en ligne», explique celui qui a bâti son entreprise en 2022, dans son sous-sol.
«Avant, en dessous de 800$ US, la douane américaine ne regardait même pas le colis. Le transporteur demandait juste une facture commerciale. Or, 95% de nos ventes sont des commandes de moins de 800$.»
Cette règle, dite «de minimis», a été supprimée en septembre.
«On s’est dit: ce n’est pas grave, ça sera juste un peu plus de paperasse parce que nos produits sont protégés par des accords commerciaux. Sauf que ça ne s’est pas passé comme prévu», poursuit-il.
Chaque colis peut maintenant être inspecté et se voir appliquer droits et taxes, parfois jusqu’à 30% de la valeur du produit.
Le coup de massue est venu début octobre, quand UPS a prévenu les expéditeurs qu’il suspendait ses garanties pour les envois vers les États-Unis.
«Ils nous ont dit carrément “ne plus expédier de marchandise aux États-Unis”. Depuis, les colis non libérés en douane sous sept jours sont renvoyés automatiquement et UPS ne rembourse plus l’expéditeur.»
Qui plus est, les douaniers américains, trop peu nombreux, ne fournissent plus devant les milliers de conteneurs remplis de marchandises qu’ils doivent maintenant inspecter.
«En pratique, on s’est retrouvé avec des milliers de colis refoulés, puis renvoyés chez nous. Et le tout à nos frais, résume Simon Poulin. Et nos clients américains, eux, ne reçoivent rien et ne comprennent pas pourquoi on leur facture, en plus.»
Les É.-U. sur pause
Plutôt que d’attendre, Upside Drinks a choisi d’adapter son modèle.
«On n’abandonne pas les États-Unis, mais on les met en pause», dit le PDG.
L’entreprise a ouvert un entrepôt à Vancouver «pour mieux servir [ses] clients canadiens» et elle se concentre désormais sur la distribution intérieure: bars, hôtels et commerces locaux.
«On veut vendre beaucoup plus ici, d’un océan à l’autre, sans dépendre de l’instabilité frontalière américaine.»
La manœuvre n’est pas sans coûts.
«Pour l’instant, comme les États-Unis représentaient 35% de nos commandes, on a dû licencier des employés. On pourrait se plaindre, mais on préfère rebondir. Les États-Unis, ce sera pour plus tard», conclut-il.
LA RÈGLE «DE MINIMIS»
Depuis le 29 août 2025, l’exemption américaine «de minimis», qui permettait aux colis de faible valeur (jusqu’à 800$ US) d’entrer aux États-Unis sans droits ni formalités, a été suspendue pour tous les pays. Désormais, tout envoi vers les États-Unis peut être soumis aux droits et aux taxes, quel que soit son montant. Les expéditeurs doivent donc anticiper les coûts et remplir la paperasse douanière.
NOUVELLES RÈGLES D’UPS
- Plus de garanties de service pour les envois vers les États-Unis depuis le 2 octobre;
- Retours systématiques des colis non libérés en douane sous sept jours;
- Pas de remboursement pour les expéditions bloquées;
- Recommandation aux entreprises d’interrompre temporairement les exportations vers les États-Unis.
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