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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Un présumé tueur à gages veut mettre fin à son procès

Frédérick Silva maintient toutefois qu’il est non coupable des accusations

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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2021-11-02T17:20:48Z
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Dans une décision rarement vue, un présumé tueur à gages veut mettre fin à son procès pour meurtres en admettant que la preuve de la Couronne est suffisante pour le condamner... tout en disant être non coupable.

• À lire aussi: Un chef mafieux a échappé à la mort de justesse

Cette situation inusitée annoncée mardi, au palais de justice de Montréal, pourrait ainsi sceller le sort de Frédérick Silva, qui avait déjà été sur la liste des criminels les plus recherchés du Québec.

Silva, 41 ans, est considéré par la police comme un tueur à gages qui aurait liquidé trois individus entre octobre et décembre 2018, à Montréal et à Laval. 

Et en plus de ces meurtres, il aurait tenté de tuer le chef mafieux Salvatore Scoppa à la sortie d’un restaurant à Terrebonne le 21 février 2017. 

Dans une spectaculaire vidéo présentée en preuve lors du procès, on peut voir le tireur s’approcher du chef de clan, qui l’aperçoit à la dernière seconde. On peut alors voir Scoppa prendre ses jambes à son cou pour tenter désespérément d’éviter les balles.

La victime avait été atteinte au bras, mais ses blessures n’avaient pas mis sa vie en danger.

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Trois autres cibles

Mais si le tireur, identifié par la police comme étant Silva, a manqué son coup, ça n’a pas été le cas pour trois autres cibles, soit Alessandro Vinci, Yvon Marchand et Sébastien Beauchamp, qui est un ancien membre des Rockers, le défunt club-école des Hells Angels.

Le procès, prévu pour durer trois mois, avait commencé en septembre. 

Or, l’annonce de mardi risque de couper court au processus, qui devrait se solder par un verdict de culpabilité.

« Il ne plaide pas coupable, il reconnaît que la Couronne pourra se décharger de son fardeau », a expliqué l’avocate de Silva, Me Danièle Roy.

La nuance est très importante puisqu’en agissant ainsi, Silva conserve son droit de porter le dossier en appel, s’il le souhaite. Quand un accusé plaide coupable, à moins de circonstances exceptionnelles, ce droit est généralement perdu.

Difficile toutefois d’expliquer pourquoi Silva a pris cette décision qui, si elle est techniquement possible, n’est pratiquement jamais utilisée.

« Ça s’est déjà vu, mais vraiment pas souvent », a d’ailleurs commenté la juge retraitée Nicole Gibeault.

Elle rappelle toutefois que Me Roy est une avocate émérite de grande expérience, si bien que ce choix n’est sûrement pas pris sans raison. Mais à ce stade-ci, « on ne peut présumer des motivations ».

Quoi qu’il en soit, d’ici la prochaine audience dans deux semaines, la Couronne et la défense devront s’entendre sur un exposé conjoint des faits, qui sera présenté au juge Marc David.

« Le juge devrait alors le déclarer coupable », a expliqué Me Roy.

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