Dur de croire la CAQ sur le tramway et le 3e lien

Karine Gagnon
Devant le nombre incalculable de fois où le gouvernement Legault s’est engagé à réaliser le tramway depuis 2018, comme le ferait tout bon électeur avisé et écoeuré de la manipulation, je jugerai aux résultats. La même attitude devrait être adoptée par les partisans du troisième lien.
Car, soyons lucides, le gouvernement caquiste n’est pas en train de planifier les grands projets de transport en se basant sur le plan régional très avisé de la CDPQ Infra, qui lui a remis son rapport cette semaine.
Il est plutôt en train d’essayer de trouver la bonne formule pour assurer sa réélection en 2026 dans la région.
Après tout, s’il avait tellement cru au tramway, comme l’assure aujourd’hui François Legault, il n’aurait pas attendu six ans pour donner le feu vert. C’est d’autant plus vrai qu’avant de lancer le projet, il reste encore beaucoup de détails à régler, et qu’on n’a plus d’échéancier.
Le gouvernement estime que la CDPQi permet de plancher sur un projet à coûts moindres. Mais il faudra encore redessiner le projet, avec une nouvelle technologie et de nouvelles dimensions, pour évaluer les coûts avec précision.
Ça pourrait coûter encore plus cher que ce que proposait la Ville, surtout avec les délais supplémentaires qui ne cessent de s’ajouter.
- Écoutez la chronique de Karine Gagnon, chroniqueuse politique au JDM et JDQ via QUB :
Ni coûts ni échéanciers
Maintes fois révisé, ressuscité et enterré, le troisième lien ne fait quant à lui l’objet d’aucun engagement chiffré ni d’échéancier.
Quant à l’argument pour le ramener, la sécurité économique et commerciale, concept vaseux et non documenté, le gouvernement ne semble même pas savoir à quoi il fait référence lui-même. Avec son collègue Bernard Drainville, Geneviève Guilbault utilise de bien gros mots pour faire peur afin de justifier le projet, prédisant qu’il serait infernal et catastrophique de ne pas avoir de troisième lien en cas de fermeture du pont Pierre-Laporte.
Toutefois, la ministre ne pouvait fournir aucun exemple où une telle situation aurait pu se produire dans l’histoire du Québec.
Il est trop tôt pour le dire, a répété François Legault lorsqu’on lui a demandé s’il s’engageait à livrer une étude de faisabilité pour le troisième pont d’ici les prochaines élections. Il n’a pas non plus d’idée des coûts.
En d’autres termes, on n’est pas plus avancé qu’avant, sauf que la CAQ promet une fois de plus qu’elle va le réaliser. Et elle pourra encore surfer là-dessus jusqu’aux prochaines élections.
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Problème de crédibilité
Il s’en dégage une vaste impression collective de jouer dans le même film, mauvais théâtre d’été ou vaudeville. Appelez ça comme vous le voulez, toutes ces expressions se valent.
«Mme Gagnon, écrivait hier un lecteur, nous sommes dans un spectacle de magicien. Le truc de la CAQ est de promettre un troisième lien (que l’on ne verra jamais) pour faire passer en douce le tramway qui est absolument nécessaire. La question: est-ce que les citoyens pro-troisième lien vont croire encore les mensonges de la CAQ? C’est loin d’être terminé, ce gouvernement n’a plus aucune crédibilité.»
J’ai bien hâte de voir la réponse à cette question en 2026.