Il vit avec sa mère après l’avoir accompagnée dans la rue pendant 3 mois

Pour la première fois depuis 23 ans, Kevin Blais et sa mère Jeannedarc Dumesnil vivent enfin sous le même toit. Après un moment d'itinérance, le jeune homme peut enfin créer un lien avec sa mère qui a perdu sa garde quand il était bébé.

«Au début, je me suis demandé si c’était vraiment ma mère», dit Kevin Blais se rappelant de la première fois qu’il revoit sa mère après 18 ans d’absence. En voyant son père qui lui ressemble beaucoup physiquement, il n’a plus aucun doute: ce sont bien ses parents.

Ils avaient perdu la garde de leurs deux enfants à cause de problèmes de consommation et d'une déficience intellectuelle que la mère a depuis sa naissance.

Kevin Blais a donc été placé dans une famille d'accueil à l'âge de deux ans. Il a retrouvé sa mère biologique à seulement 20 ans.

«J’ai fait les démarches pour le retrouver et il a accepté de me revoir», raconte Jeannedarc Dumesnil.

«Ça m’a fait un peu bizarre. J’étais mélangé, stressé, heureux», se rappelle Kevin Blais.

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Dans un campement insalubre

Peu de temps après, la mère se fait évincer de son logement et se retrouve à la rue. Quand son fils l’apprend, il refuse de la laisser seule dans un campement et la rejoint dans sa tente pendant trois mois pour la protéger.

«C'était intense de la voir dans la rue, dit Kevin Blais. J’avais pitié pour ma mère. Je trouvais injuste d’avoir un logement, moi, et pas elle.»

Sur ce terrain du quartier Mercier, à Montréal, les conditions de vie sont insalubres. «J’ai pogné des punaises de lit [et] des poux, relate Jeannedarc. Mes amis ne me reconnaissaient pas. J’étais trop maganée.»

Leur campement a été démantelé en octobre dernier. Malgré la crise du logement qui frappe le Québec, une place en HLM se libère pour Jeannedarc.

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Une liste d’attente

L’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) a reçu 19 millions $ de la Société d’habitation du Québec (SHQ) l’an passé pour rénover près de 1600 logements. Cela a permis de réduire le nombre de ménages sur la liste d’attente de 23 837 à 16 174 en 16 mois.

«Mme Dumesnil fait partie des ménages qui ont pu obtenir un logement au moment d’une grande opération de location», confirme l’OMHM par courriel.

La mère et le fils peuvent enfin vivre ensemble dans de bonnes conditions. «J’essaie de lui permettre d’avoir la relation qu’elle n’a pas pu avoir avec moi, dit Kevin Blais. Elle avait le droit d’avoir une [seconde] chance.»

Maintenant que la mère de 48 ans a stabilisé sa situation, elle va essayer de renouer les liens avec sa fille.

«J’aimerais avoir la famille réunie que je n’ai jamais eue», avoue-t-elle.

Ce qu'ils souhaitent aussi, c'est surtout de ne pas perdre ce logement.