Il reconnaît avoir été le cerveau d’une «petite PME» qui produisait des millions de comprimés de méthamphétamine
Olivier Caron devrait écoper d’une très longue peine de prison


Laurent Lavoie
Un criminel de la Rive-Sud de Montréal devrait écoper d’une décennie derrière les barreaux pour avoir été le cerveau d’une «petite PME» qui a trafiqué l’équivalent de 28 millions de comprimés de méthamphétamine.
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Olivier Caron a avoué cette semaine au palais de justice de Longueuil qu’il était la tête dirigeante d’une organisation criminelle qui écoulait de la drogue en grosse quantité dans le grand Montréal.
L’homme de 33 ans avait même sa propre plaquette avec son nom, où l’on pouvait lire «Directeur des opérations», découvre-t-on dans des documents présentés au tribunal.

Et pour cause: il supervisait le transport des comprimés, la comptabilité, les coûts de production et le versement des paies à ses nombreux complices, tel un chef d’entreprise.
Les ventes étaient effectuées via des boîtes contenant 25 000 comprimés. En plus de huit mois d’enquête, 1144 boîtes ont été vues être trafiquées. Une fois celles-ci revendues dans la rue, on parle de dizaines de millions de dollars en profits pour les trafiquants.

La drogue était produite et entreposée dans plusieurs établissements tant à Montréal, à Boucherville, à Chambly, à Yamachiche ou encore à Val-David.
«Il convient de noter que l’organisation était en continuelle mouvance, déplaçant son site de pressage à plusieurs reprises durant l’enquête», indique un résumé des faits de l’affaire, précisant que Caron était «systématiquement présent lors des multiples déménagements».
Tout s’écroule
Selon l’enquête, pas moins de 17 personnes ont mis la main à la pâte pour s’assurer que tout soit réglé au quart de tour.
Elles avaient «des moyens financiers pour effectuer [leurs] opérations de manière tacite et en apparence légale», comme l’usage d’une société à numéro au nom de Caron, lit-on dans un document.

Mais ce fut insuffisant pour déjouer les forces de l’ordre. Tout s’est écroulé quand environ 280 policiers ont mené une série de perquisitions, en mai 2022.

«On parle carrément d’une petite PME», avait à l’époque mentionné une source policière à l’Agence QMI.
Grâce à l’ensemble des saisies, plus de 18 millions de pilules de méthamphétamine et d’amphétamine n’ont jamais été écoulées au public.
Lourde peine
Plusieurs milliers de dollars, de la drogue et deux armes à feu avaient entre autres été retrouvés chez Olivier Caron.
Les analyses effectuées par les autorités ont également dévoilé que les criminels vendaient des comprimés contenant une faible concentration de substance illicite.

«Il s’agissait ainsi d’une façon d’accroître les profits engendrés par les activités criminelles reprochées», peut-on lire.
Les finances de l’organisation étaient d’ailleurs recensées dans des cahiers de notes intitulés «Tenu de compte compagnie Matière et Paye» ou «Tenu de livre MTL».
Devant la gravité des crimes de Caron, les parties ont présenté une suggestion commune de 10 ans de taule au tribunal, qui pourrait ultérieurement l’entériner.
D’autres complices du trafiquant ont reconnu leurs torts en cour, dont Jamil El Najjar, Dominic Boulanger et Giancarlo Morgia, les plus proches collaborateurs de Caron.
Mes Karine Cordeau, Laurence Lavoie et Vicky Anik Pilote ont porté le dossier pour la Couronne. Me Marc-Antoine Rock représentait l’accusé.
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