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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

L'ascension fulgurante d'un artiste: «Il n’y en a pas d’autres qui sonnent comme du FouKi»

Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com, illustration Johanna Reynaud
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Photo portrait de Cédric Bélanger

Cédric Bélanger

2023-02-10T00:00:00Z
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Son ascension a été fulgurante. En l’espace de quatre albums répartis sur une période de deux ans et demi, de 2018 à 2020, FouKi s’est hissé au sommet de la pyramide du rap québécois. Un accomplissement dont il peut être fier, mais qui vient avec un bémol. Ou plutôt une mise au point. FouKi refuse qu’on le considère uniquement comme un artiste rap. 

« Si tu dis que ma musique, c’est juste du rap, ça n’a pas rapport. J’ai mes couleurs. Il n’y a pas d’autres artistes, au Québec en tout cas, de qui tu peux dire que ça sonne comme du FouKi. »

De chez lui par Zoom, à l’aube de la parution de son nouvel album Zayon, l’artiste de 26 ans tient mordicus à mettre en lumière la diversité qu’on peut retrouver dans sa création musicale.

« C’est sûr qu’il y a un côté très rap à mes chansons, mais parfois je suis pop, des fois je suis reggae, je suis même rock un peu. Ça dépend. Ce n’est jamais que du hip-hop. »

En entendant son désopilant duo St‐Han Quinzou avec P’tit Belliveau, on a aussi envie d’ajouter acid trap à la liste des styles musicaux qu’il revendique.

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« Si tu vas dans mes likes Spotify, il y a une toune sur cinq qui est du rap. J’écoute tellement de tout. Ça reste que j’aime ça quand même avoir un 808, un snare et un kick. J’aime que ça te rentre dans le corps. C’est pour ça que des fois je m’amuse. Je sample la musique des années 1940 pis je mets des gros kicks là-dessus. Estie que c’est nice. »

Délires de vidéoclips

FouKi, Léo Fougères de son vrai nom, est donc un rappeur pas comme les autres. Tant pis si ça choque les puristes.

Un autre exemple ? Ses vidéoclips. Rapper en marchant dans la rue en direction de la caméra et en arborant un air sérieux, ce n’est pas son genre. Il préfère les mises en scène élaborées et fantaisistes. Pensez aux Beastie Boys comme point de référence.

« Je préfère aller dans les délires », clame l’artiste de 26 ans.

Preuve numéro un : dans le clip de Zayon, il devient l’agent secret 00-Zay pourchassé par des méchants dans ce qui s’apparente à une parodie des films de James Bond.

Preuve numéro deux : il y a quelques semaines, il réapparaissait avec des tenues moulantes et une coupe Longueuil en chantant qu’il aurait voulu vivre dans les années 1980 dans le vidéoclip de 80s, le second extrait de l’album à venir.

« Pendant le tournage, le réalisateur et moi, on se demandait combien d’artistes seraient game de faire un clip comme on le faisait, se mettre des perruques et s’habiller beaucoup trop serré. Personne ne veut faire ça aujourd’hui, tout le monde veut bien paraître, être cool. Il faut avoir du fun. Moi, j’en ai beaucoup plus avec une perruque et du mascara qu’à rapper devant une caméra. »

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« Think big ! »

Là où FouKi ressemble aux autres rappeurs, c’est quand il affiche sans gêne son ambition de remplir les plus grands amphithéâtres de la province et d’en mettre plein la vue à ses admi-rateurs qui iront le voir à la Place Bell de Laval, le 8 avril, et au Centre Vidéotron, le 22 avril. Il veut un spectacle « légendaire ».

« C’est une grande étape dans ma carrière. J’ai poussé beaucoup ma maison de disques (7e Ciel) pour que ça arrive. Ils n’étaient pas trop sûrs au début. Ils préféraient faire trois MTelus qu’une Place Bell, mais j’avais envie d’un gros spectacle sur une grosse scène dans un gros aréna. Think big ! » lance FouKi en souriant.

À deux mois du premier concert, il se garde de dévoiler les as dans sa manche. Il accepte uniquement de révéler qu’il a confié la mise en scène à Fred Caron, réputé spécialiste de l’éclairage et de la conception vidéo qui a travaillé avec le Cirque du Soleil, les Chainsmokers, Kiss et Future, entre autres grands noms auxquels il est associé.

« Nous n’avons jamais travaillé autant sur un spectacle que celui-là », affirme FouKi.

S’il voit grand, ce dernier ne veut pas entrer en compétition avec d’autres rappeurs, comme Loud, qui ont déjà foulé les grandes scènes. Jouer à qui a le plus gros spectacle, ça aussi, ce n’est pas son truc.

« Je suis content de voir [que d’autres le font]. Oui, ça peut nous donner des idées, mais jamais je me dis que ça aurait dû être moi ou que je dois en faire plus. Je veux juste avoir du fun et donner un bon spectacle. »

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► L’album Zayon, de FouKi, sera en vente le 17 février.
► La liste des concerts annoncés en 2023 se trouve sur son site web : fouki.ca. 

Nouvelle approche 

Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com, illustration Johanna Reynaud
Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com, illustration Johanna Reynaud

« Au début, quand tu commences, t’as envie de sortir plein de trucs pour que le monde sache que tu existes. Maintenant, le monde sait que j’existe. » 

Et voilà pourquoi après avoir enfilé les lancements de Zay (2018), ZayZay (2019), l’album Génies en herbe avec Koriass (2020) et Grignotines de luxe (2020), FouKi a pris plus de deux ans avant de revenir à la charge avec Zayon.

« Il y a une autre approche, explique le rappeur. Tu ne sors pas de la musique juste pour sortir de la musique. Tu sors de la musique pour que ce soit vraiment bon. Ce n’est pas qu’il y a plus de pression, mais il y a une coche de plus à atteindre aujourd’hui, quand je fais une chanson. Je suis plus porté à dire huuum, peut-être qu’elle ne sera pas sur l’album alors qu’avant c’était sûr qu’elle serait sur l’album. »

Plus critique de ton travail ? 

« Oui, beaucoup plus. »

Un gars nostalgique

Sur Zayon, on découvre un FouKi nostalgique. En entrevue, le jeune homme de 26 ans se dit fasciné par les années 1960 à 1990, d’où un titre comme la chanson 80s.

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« J’aurais aimé ça aller juste une journée dans ces années-là. Aller me pogner un roteux au Hot Dog Mont-Royal, à côté de chez nous, mais qu’on soit dans les années 1970. »

Une chanson comme Ségala, où il se souvient de ses frasques de jeunesse avec ses amis sur le Plateau, en fournit un autre exemple éloquent. 

« Il y a toujours un peu de nostalgie qui arrive dans un album », dit-il avec pudeur.

Ginette Reno en demande

Comme tout rappeur, FouKi a quelques invités sur son album. Le nom de l’Acadien P’tit Belliveau (St-Han Quinzou) étonne. 

« J’avais approché Lisa LeBlanc, mais elle ne voulait pas. Finalement, je suis allé voir P’tit Bell, et c’était encore mieux. C’est tellement un bon rappeur. Au départ, on voulait une deuxième partie plus banjo, plus chantée, mais finalement il a rappé tout le long. C’était parfait. »

La présence sur la chanson On l’fait d’Imposs, pionnier du rap queb au sein de Muzion, tombe davantage sous le sens. 

« On a vraiment connecté la première fois qu’on s’est rencontré. »

Il ne manque que... Ginette Reno, à qui FouKi ne tient pas du tout rigueur de l’avoir rebaptisé Funky au Gala de l’ADISQ. Au contraire. 

« C’est sûr que j’aimerais faire un feat avec elle un jour, mais je ne lui ai pas reparlé. Nous avions reçu une offre pour Infoman et elle avait refusé. »

C’est lancé dans l’univers.

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