Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

«Il n’y a aucune personne ni aucun gouvernement qui peut t’écraser et t’enlever qui tu es», affirme le musicien trans canadien Bells Larsen, qui est forcé d’annuler ses concerts aux États-Unis

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Partager
Photo portrait de Sarah-Émilie Nault

Sarah-Émilie Nault

2025-04-16T10:00:00Z
Partager

L’auteur-compositeur-interprète trans Bells Larsen devait aller défendre son nouvel album, Blurring Time, jusqu’aux États-Unis. Il vient toutefois d’apprendre qu’il devait annuler cette partie de sa tournée en raison de politiques de visas ciblant son identité de genre. «Depuis novembre, c’est un mélange entre le choc, la peur et la déception», raconte-t-il au Journal.

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

«Parce que je suis trans (et que j’ai un M sur mon passeport), je ne peux pas aller en tournée aux États-Unis... L’ironie de cette annonce qui survient exactement deux semaines avant la sortie de mon album qui parle justement de ma transition ne m’échappe pas», a confié Bells Larsen à ses abonnés sur Instagram la semaine dernière.

Tout cela, car Donald Trump exige que «tous les visas doivent refléter le sexe du demandeur à la naissance» aux États-Unis.

«Je sens que mon cœur se brise un peu plus chaque jour qui passe», raconte l’artiste originaire de Toronto, qui habite désormais à Montréal.

«Lorsque j’ai reçu le courriel à propos du visa, je me suis dit: “OK, maintenant c’est officiel!” Depuis novembre, c’est un mélange entre le choc, la peur et la déception. J’essaie de trouver des moments de joie malgré cela, mais le fait que cette personne m’empêche de faire ce que j’aime, de la musique, est difficile. Personnellement, cela m’empêche de jouer ma musique et, globalement, c’est tout ce que cela implique aux États-Unis et dans le reste du monde, tous les gens touchés. C’est triste, vraiment triste», poursuit le musicien.

Publicité

Heureusement, Bells Larsen dit se sentir extrêmement chanceux de vivre au Québec. En plus d’être bien entouré par son amoureuse, ses amis et son équipe musicale, il déclare être conscient de son privilège d’être un homme blanc trans.

«Quand je marche dans la rue, personne ne sait vraiment que je suis une personne trans et cela peut être un privilège», dit-il.

«Mais j’ai toujours été transparent à propos de qui j’étais et j’ai toujours été très bien accueilli au Québec. J’ai seulement eu une seule expérience un peu étrange, mais c’est tout», ajoute le créateur.

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Deux fois sa voix

En plus d’être un excellent album de musique folk, Blurring Time, a cela d’unique que ses neuf titres comportent deux voix... provenant de la même personne: Bells Larsen!

En effet, le chanteur a eu l’idée de documenter, de manière musicale, sa transition de femme à homme trans. Il a donc débuté le projet alors qu’il était femme, en enregistrant ses pièces chantées avec sa voix de l’époque. Puis, il a vécu sa transition et a superposé sa nouvelle voix à l’ancienne pour en faire un mariage improbable et touchant de ses deux voix.

«J’étais prêt à faire une étude de moi à travers la musique. Je voulais documenter ma transition avec la musique et avec les paroles. J’ai écrit les tounes comme une exploration de qui j’étais sur une période d’un an, puis j’ai dû attendre longtemps que ma voix change, jusqu’à être une personne trans masculine», explique l’artiste, qui se dit fier que les paroles écrites il y a quatre ans résonnent encore aussi fort en lui.

«La première fois que j’ai entendu mes deux voix ensemble, j’ai été touché et ému. C’est comme si le moi passé me faisait un câlin», explique l’artiste de 27 ans qui a commencé à prendre de la testostérone à l’âge de 24 ans.

Que dirait-il aujourd’hui à une personne trans qui s’inquiète de ce qui se passe présentement chez nos voisins du sud?

«Je dirais qu’il n’y a aucune personne ni aucun gouvernement qui peut t’écraser et t’enlever qui tu es. Je dirais de vivre une vie authentique. Tout le reste, c’est de l’ignorance, et les gens qui ne comprennent pas ont souvent peur. D’autres sont remplis de haine, mais cela n’a rien à voir avec toi ni avec qui tu es», souffle-t-il.

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

–L’album Blurring Time de Bells Larsen sera sur les plateformes dès le 25 avril prochain.

–Le lancement montréalais de l’album se fera au Bar Le Ritz le 8 mai.

Publicité
Publicité