Il nous faut des «top guns» du numérique

Yasmine Abdelfadel
On dirait que l’expression «transformation numérique» lorsqu’elle est conjuguée en termes gouvernementaux se définit comme un bordel, un gouffre financier et une catastrophe.
Peu importe le palier de gouvernement, nous sommes visiblement incapables de prendre le virage technologique, de mettre à jour nos systèmes sans que cela vire au chaos.
Un ministère-conseil
Nous avons beau nous doter d’un ministre-conseil de la Cybersécurité et du Numérique, force est de constater que c’est cosmétique, pour incarner le gouvernement branché, à la page, moderne sans l’être réellement.
La saga de la SAAQ et les ratés dans la gestion de paie des fonctionnaires ne sont que la pointe de l’iceberg. Lorsque viendra le temps de prendre le virage numérique en Santé, et si le passé est garant de l’avenir, on sera dans l’apocalypse.
Avant que cela ne se produise, nous aurions besoin, pour reprendre l’expression du ministre de la Santé de «top guns» au ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Il nous faudrait commencer à composer une équipe d’experts, de gestionnaires seniors qui ont l’expérience des grandes transformations, qui ont la capacité et l’expertise pour voir venir les choses.
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De l’expertise perdue
Or, durant les derniers mois, le MCN a perdu des «top guns» plutôt que d’en attirer. Prenez Steve Waterhouse, que nous avons appris à connaître pour ses interventions médiatiques. Après un an comme sous-ministre adjoint, il a déjà quitté le Titanic, sans explications.
Il ne suffit pas d’avoir un ministère et un ministre-conseil chargés de la question du Numérique, encore faut-il attirer celles et ceux qui ont la capacité de mettre en œuvre des transformations dans les règles de l’art. Et lorsqu’il s’agit de transformation numérique, il est faux de croire que ces expertises sont exclusivement d’ordre technologique, bien au contraire.
Toute transformation requiert des spécialistes en gestion du changement, des as de la communication, tant interne qu’externe, des experts en gouvernance de projets majeurs, etc. Des projets d’une telle envergure requièrent la mise en commun de différentes forces, le mariage de différents «top guns». Sommes-nous capables de les rassembler? Pour le moment la réponse est évidemment non.