«Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide»: une survivante d’un écrasement d’avion devenue psychologue secouée par l’atterrissage raté à Toronto
Elle était à bord d’un F-27 qui s’est écrasé à Québec en 1979

Valérie Gonthier
Une survivante d’un écrasement devenue psychologue encourage tous ceux qui ont été ébranlés par l’atterrissage raté d’un avion de Delta Air Lines à Toronto à consulter.
«Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Des personnes qui ont vu ça à la télévision et qui sont inquiètes peuvent aussi consulter pour se rassurer, c’est prudent de le faire, c’est une façon de voir comment on se sent par rapport à ce qu’il s’est passé», lance Johanne de Montigny, psychologue à la retraite.
C’est après avoir survécu à l’écrasement d’un F-27 à Québec en 1979 qu’elle s’est tournée vers cette nouvelle profession.
Elle travaillait dans un cabinet de ministre lorsqu’elle est montée à bord de l’appareil de Québecair. Il s’était écrasé peu après le décollage.

Sur les 24 passagers, sept ont survécu. Elle avait frôlé la mort et avait dû réapprendre à marcher.
Mme de Montigny avoue ainsi avoir été secouée en voyant lundi les images de l’avion de Delta Air Lines sur le dos, à l’aéroport de Toronto.
Les 80 passagers et membres d’équipage de l’avion ont tous survécu.
Reprendre l’avion
«C’est certain que ces personnes doivent vivre tout un choc, ne doivent pas en revenir d’être vivantes. Quand on vient de vivre quelque chose d’aussi improbable, on en ressort en se disant que c’est impossible d’être sur nos deux pieds», commente Mme de Montigny.
Selon elle, la plupart vont, malgré le bouleversement, reprendre leur vie là où elles l’ont laissée. Tous ne seront pas nécessairement traumatisés, croit-elle.

Pour sa part, elle l’a longuement été. Malgré tout, elle a tenu à reprendre l’avion. Mais elle suggère à ceux qui ont vécu un accident comme celui à l’aéroport de Toronto de respecter comment ils se sentent.
Mais il ne faut surtout pas croire que notre état est permanent, dit-elle.
«Je prends plaisir à reprendre l’avion, je ne pense même pas à ce qu’il m’est arrivé», assure-t-elle.
Évidemment, elle se doute que bien des passagers du vol ne sauteront pas immédiatement dans un avion. Mais la plupart n’auront pas peur d’en reprendre un.
Et ceux qui seront plus anxieux de le faire ne sont pas moins braves, insiste-t-elle.

Cela dépend évidemment de plusieurs facteurs, notamment de l’état d’esprit dans lequel se trouvait chacun au moment du vol.
Pas la même réaction
Par exemple, une personne qui a perdu sa mère la semaine dernière et qui se retrouve dans cet avion et une autre qui revient de voyage et qui est en pleine forme ne vivront pas la situation de la même façon, expose-t-elle.
«C’est une histoire qui va être interprétée différemment par tout le monde. On ne vit pas que le crash d’avion, on vit tout ce que ça signifie pour nous», précise-t-elle.
C’est d’ailleurs son drame qui l’a poussée, comme psychologue, à s’occuper des gens aux soins palliatifs.
«Je n’ai pas pu accompagner les gens qui sont morts soudainement à côté de moi, c’est une façon pour moi de donner sens à ce qu’il m’est arrivé d’aller accompagner d’autres qui faisaient face à leur mort», explique-t-elle.
L’enquête à l’aéroport de Toronto a débuté mardi et sera menée par le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) aidé par la FAA, le régulateur américain de l’aviation et une équipe de Delta.
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