«Le plan de la rentrée n'est pas tout à fait bien ficelé», selon la Dre Caroline Quach
TVA Nouvelles
Le ministre de l'Éducation Jean-François Roberge a annoncé son plan révisé pour la rentrée scolaire mardi après-midi. Selon Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue au CHU Ste-Justine, plusieurs éléments présentés sont positifs, dont l'utilisation des tests rapides, mais d'autres moins. «Je pense que le plan n'est pas tout à fait bien ficelé», explique-t-elle.
• À lire aussi: Masque obligatoire pour les élèves dans 9 régions
• À lire aussi: 345 nouveaux cas au Québec
C'est notamment le cas du retraçage des cas, qui risque d'être plus ardu avec le retrait des bulle-classe.
«Ce qu’on espère avec le retrait des bulle-classe, c’est que les mesures barrières comme le port du masque soient mises en place correctement», dit la Dre Quach. «C’est certain que l’absence des bulle-classe, si jamais il y a un cas positif, par exemple un enfant qui a fréquenté le service de garde en fin de journée avec toute l’école, on risque d’être obligés de retirer énormément d’enfants.»
Selon l'infectiologue, le problème, c'est que la COVID reste grave, et non une maladie bénigne comme le rhume.
Elle pense que dans les régions où il n’y a pas de transmission, on peut se permettre de se donner une semaine ou deux de répit, mais que les mesures devront changer aussitôt qu’il y aura davantage de transmission.
«On veut que les enfants aient une vie la plus normale possible à l’école pour qu’ils puissent apprendre, surtout au primaire où on a besoin d’avoir un contact visuel complet», note-t-elle.
La docteure explique qu'il ne faut pas qu’il y ait trop de mouvement entre les régions si les mesures sont appliquées selon la situation épidémiologique régionale.
Une couverture vaccinale encourageante
La docteure note que les personnes les plus vulnérables sont maintenant vaccinées. La microbiologiste est aussi rassurée de voir que 75% des 12 ans et plus ont leurs deux doses.
«C’est un accomplissement majeur, et ça protège contre les infections sévères, donc on a quand même ce coussin-là», précise-t-elle.
«La raison pour laquelle on demeure prudent, c’est que la capacité hospitalière est limitée», dit la Dre Quach. «On le sait, les hôpitaux en général sont en pénurie de personnel, donc on ne veut pas rajouter un stress supplémentaire sur le réseau de la santé.»
Quant à la vaccination des enfants de 5 à 11 ans, elle est toujours sous la loupe de Santé Canada et de la Food and Drug Administration (FDA) chez nos voisins du Sud.
Si le vaccin est approuvé, la vaccination des enfants devrait commencer d'ici décembre 2021, selon la Dre Quach.
Un retour à la normale inconnu
Selon Caroline Quach, pour que la COVID-19 prenne moins de place dans nos vies, on a besoin d'une couverture vaccinale de 90% au Québec.
«Si au niveau québécois, on est capables d’avoir une bonne couverture vaccinale et de la maintenir dans le temps, on sera au moins protégés contre les complications les plus importantes, les hospitalisations et les décès, et à ce moment-là, on pourra laisser circuler le virus sans craindre que le système de santé déborde sans arrêt», note-t-elle.
En outre, la couverture vaccinale devra être améliorée dans le monde.
«Autrement, on demeure à risque de nouveaux variants qui pourraient échapper à la vaccination», précise la Dre Quach. »On va toujours être obligés de maintenir cette espèce d’anticipation d’une crise à venir. Tant et aussi longtemps qu’on a des mouvements entre différentes parties du monde, on continue à laisser place à l’entrée de variants.»
La docteure explique qu'on peut fermer les frontières, mais que des enjeux demeurent.
«Certaines personnes n’ont pas vu leurs familles pendant un an et demi», éclaircit-elle. «Je pense qu’il faut aussi prendre en compte la santé mentale des gens, donc c’est toujours une histoire de gestion de risques. C’est sûr que si tout le monde restait dans son territoire sans bouger, il y aurait moins de cas, mais il y a des impacts négatifs à ça aussi.»