Reconstruction après le séisme au Maroc: il faut sauver l’âme de Marrakech!


Mathieu-Robert Sauvé
La reconstruction de Marrakech sera longue et la ville du patrimoine mondial de l’UNESCO doit garder son âme en s’inspirant de son passé, croit un expert.
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«D’après les premières constatations sur place, les immeubles qui ont le mieux résisté au séisme de vendredi sont les plus vieux qui ont été bien entretenus et les très récents qui respectent le code du bâtiment», explique le professeur Gonzalo Lizarralde, de l’École d’architecture de l’Université de Montréal.
Ce spécialiste de la reconstruction post-désastres naturels souligne que cette résistance au temps doit servir d’inspiration pour la suite. Mais les travaux pourraient prendre plusieurs décennies.

La médina de Marrakech, un site du patrimoine mondial de l’humanité, a subi d’importants dégâts à la suite du tremblement de terre. Âgée de plus de 900 ans, la mosquée Koutoubia, joyau du patrimoine islamique, a notamment été endommagée.
Cette partie de la ville doit être reconstruite avec soin, et l’UNESCO peut compter sur les architectes locaux qui ont souvent une excellente connaissance des bâtiments patrimoniaux. «C’est à eux qu’il faut demander de reconstuire la ville détruite», explique l’auteur de Rebuilding After Disasters (Reconstruire après des désastres).
- Écoutez l'entrevue avec Rachid Badouri, humoriste et originaire du Maroc à l’émission de Sophie Durocher via QUB radio :
Pression politique
Il est certain que les institutions doivent être particulièrement solides pour imposer cette approche, car la pression politique sera forte de reloger les milliers de rescapés des décombres.

«À la suite d’un désastre comme celui qui a frappé le Maroc, les gens se lancent dans la reconstruction immédiatement après les enterrements. Ils confectionnent des abris avec tout ce qui leur tombe sous la main. L’ennui, c’est que ces habitations fragiles deviennent permanentes et s’écroulent au prochain séisme.»
Catastrophe italienne
Même s’il n'a pas étudié spécifiquement la ville de Marrakech, il a fait de nombreuses missions de recherche et d’intervention dans des pays touchés par les séismes et les inondations. Parmi les erreurs à ne pas reproduire, le cas de L’Aquila, en Italie.
En 2009, la ville située au centre du pays a subi un important séisme qui a fait plus de 300 morts. Devant la pression politique, le gouvernement Berlusconi a construit en hâte des tours d’habitation à l’extérieur de la ville. «Les gens ont perdu ce sentiment de vie communautaire qui les caractérisait. Plus d’emploi, plus de marché public, plus d’école de quartier. Une catastrophe», résume le professeur Lizarralde.
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