«Il faut respecter les arbitres à tout prix», dit l’arbitre de dek hockey attaqué mardi à Québec
Son assaillant a été arrêté jeudi et fera face à des accusations criminelles

Jonathan Tremblay
L’arbitre sauvagement frappé au visage par un joueur de dek hockey frustré mardi à Québec tient à sensibiliser les joueurs et les spectateurs à la nécessité de respecter davantage les officiels, qui font un métier ingrat.
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«Je ne veux pas faire pitié, mais que ça serve d’exemple», lance avec aplomb Mathieu Joncas, au repos chez lui, dans l’arrondissement de Beauport.

Bien qu’amorti par sa médication contre la douleur, le père de famille de 38 ans en a long à dire sur sa mésaventure inattendue de mardi soir.
Alors qu’il arbitrait au centre de dek hockey de Beauport, il a dû lancer un avertissement clair à un joueur.
Frustré, Kevin Bilodeau, 31 ans, se serait mis à enguirlander les deux officiels, à leur balancer menaces et insultes.

M. Joncas se serait approché de lui afin de l’expulser de la rencontre à cause de son attitude antisportive.
«J’ai le goût de t’en crisser une», aurait alors craché Bilodeau, relate-t-il.
Deux coups
À ce moment, Bilodeau aurait pris son bâton à deux mains et aurait assené un coup à la poitrine de l’arbitre, avant de lui en envoyer un deuxième au visage. Celui-ci a subi une commotion cérébrale et on a dû lui faire 12 points de suture.

Il a une dent brisée et quatre qui sont maintenues par un fil d’orthodontie. Il saura prochainement si elles tiendront le coup.
De plus, l’os de sa mâchoire s’est égrainé. Résultat: il a aussi l’œil tuméfié.

«Le lendemain, quand je me suis réveillé, c’était l’enfer», résume le contremaître ferrailleur.
Une première
M. Joncas était habitué aux insultes et vivait bien avec le danger des blessures durant une partie. Or, c’était une première pour le passionné d’être la cible d’un tel geste sournois.
«J’arbitre trois ou quatre soirs par semaine. J’adore ça. C’est vraiment une passion, dit-il. Mais ce n’est pas ça qui me fait gagner mon pain. On est payés 18-19$ de l’heure.»

Jeudi, le joueur fautif, qui était ironiquement arbitre, lui aussi, a été arrêté par le Service de police de la Ville de Québec, avant d’être libéré sous promesse de comparaître.
Celui qui n’a aucun antécédent criminel devrait être accusé d’agression armée et d’infliction de lésions corporelles.
Banni
Par ailleurs, une suspension à vie lui a été décernée par l’association nationale des joueurs de hockey balle (NBHPA).
«Il jouait énormément. C’est une partie de sa vie. Ça va l’affecter, mais il le mérite. Tu ne frappes pas un arbitre», insiste Mathieu Joncas.
Ce dernier dit n’avoir aucune rancune envers son assaillant, mais comme tout arbitre, il tient à ce que ce geste soit pénalisé, et non banalisé. Il sympathise même avec lui.
«Les menaces envers lui, il faut que ça arrête. Tout le monde commet des erreurs», dit-il.
Pas la fin
Pour sa part, il compte reprendre le sifflet dès qu’il le pourra. Les nombreux messages d’encouragements reçus le motivent à se relever.
«Si tout va bien, je vais recommencer. Ce n’est pas ça qui va m’arrêter», assure celui qui est également bien impliqué au niveau du hockey mineur.
«Des arbitres, ça en prend. Il faut les respecter à tout prix, autant verbalement que physiquement. Si mon histoire peut changer la mentalité de 1% des gens, ce sera mission accomplie», conclut-il.
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