Il faut que ce soit lui, la cible no 1 de Hughes


Nicolas Cloutier
Imaginez qu’un joueur de centre pourrait être disponible pour le Canadien et qu’il se classe tout juste derrière Connor McDavid, Nathan MacKinnon et Jack Eichel pour les entrées de zone en possession.
Il est sixième attaquant de la LNH pour les chances générées sur l’échec avant. Huitième pour les chances de toute catégorie. Et onzième pour le temps passé en zone offensive avec la rondelle sur sa palette.
Vous le voudriez à Montréal pour que le CH ait son monstre à deux têtes au centre, non? Une combinaison 1A, 1B avec Nick Suzuki...
Ce joueur, c’est Nazem Kadri des Flames. Avec les données de Sportlogiq, on a passé au peigne-fin six patineurs liés au CH à tort ou à raison dans les rumeurs d'échange, et c'est son nom qui ressort.
Ses 28 points en 33 matchs cette saison? Une infime partie de l’histoire. À peine un chapitre. Ils ne racontent pas la réalité du vorace compétiteur qui se démène comme un diable dans l’eau bénite dans un club moribond.
Si vous voulez un centre offensif, votre homme est Kadri. On ne vous vend pas un joueur parfait, attention. Kadri est coupable du plus grave péché selon Martin St-Louis : les jeux qui aident l’adversaire. Son taux de revirements est élevé, à 17,4%, au 274e rang du circuit.
Ce n’est pas un deux de pique en défense pour autant. Kadri ne se jette pas devant les tirs comme Ian Laperrière, mais il gagne beaucoup de batailles pour la rondelle (79, 28e LNH) et il intercepte des passes (94, 53e LNH) grâce à son sens du jeu.
La cible numéro un, il faut que ce soit lui.
Mais si vous tenez absolument à un centre qui peut soulager Nick Suzuki de ses missions défensives, votre homme évolue à Nashville.
L’autre option du catalogue
Dans le catalogue que feuillette Hughes, le deuxième candidat en importance est Ryan O’Reilly.
Il y a une malédiction qui guette les attaquants vieillissants. À partir de la mi-trentaine, ils doivent parfois jouer avec un piano sur le dos. O’Reilly n’y échappe pas. Contrairement à Kadri.
Les données extraites des puces infrarouges de la LNH montrent que le vétéran des Preds déploie peu de poussées explosives pour se détacher de son couvreur... sauf qu’il se rend encore du point A au point B. Il a couvert 157 km de glace depuis le début de la saison, ce qui le place dans le 97e percentile.
Défensivement, O’Reilly se positionne encore parmi l’élite : quatrième pour les passes bloquées, 12e pour les harpons. Et il deviendrait, de loin, le meilleur joueur de centre du CH aux cercles des mises au jeu avec une efficacité de 57%.
Sa vision du jeu reste très bonne. Il a complété 56 passes à des coéquipiers dans l’enclave, ce qui lui donne le 39e rang de la Ligue.
Les options «créatives»
O’Reilly et Kadri vont coûter les yeux de la tête. On parle d’un choix de premier tour et d’un espoir de grade A. Un Hage, Zharovsky ou Reinbacher.
Personne n'est parfait sur le marché, mais si les prix n'ont aucune commune mesure, le CH doit se tourner vers des joueurs un peu plus imparfaits.
Phillip Danault, par exemple, aiderait le Canadien à protéger des avances, ce qu’il a de la misère à faire depuis que Christian Dvorak, Joel Armia et David Savard ont quitté.
Danault bloque encore des passes (41 cette saison, 49e LNH), récupère des rondelles dans sa zone (183, 50e LNH) et gagne un nombre appréciable de batailles (64, 63e LNH).
Mais son jeu offensif s’est éteint. Il ne marque plus beaucoup et il figure parmi les pires attaquants de la Ligue pour le jeu de transition, au 409e rang pour les chances en contre-attaque. La rondelle passe à peine 20 secondes par match sur sa lame de bâton en zone offensive.
Il n’est plus un facteur à l’attaque. Pour le CH, il serait strictement un troisième centre défensif. Et au bon prix, dans un échange qui n’ampute pas l’espace sous le plafond de Hughes, c’est bien correct.
Vous aviez tous trouvé Danault incroyable lors des séries de 2022 malgré ses quatre points en 22 matchs.
Drapeau rouge
Pour Steven Stamkos à Nashville, il faut être conscient de ce que l'on obtient, particulièrement à 8 millions $ s'il n'y a aucun salaire retenu. Stamkos reste dangereux avec son tir sur réception, mais pour l'ensemble de l'oeuvre, il n'est plus particulièrement impliqué. Il gagne peu de batailles et ne patine pas beaucoup avec la rondelle.
Stamkos est, au mieux, un ailier qui pourrait convertir les passes de Demidov. Il ne sera plus la locomotive d'un trio.
À St. Louis, Brayden Schenn ne se distingue dans aucune catégorie particulière et semble en perte de vitesse. Drapeau rouge.
| Statistique | Rang LNH |
|---|---|
| Tirs sur réception tentés | 12e |
| Tirs de l’enclave | 69e |
| Entrées de zone | 215e |
| Sorties de zone | 203e |
| Taux de revirements | 178e |
| Passes bloquées | 139e |
| Batailles remportées pour la rondelle | 249e |
| Statistique | Rang LNH |
|---|---|
| Tirs de l’enclave | 230e |
| Passes dans l’enclave | 114e |
| Entrées de zone | 220e |
| Sorties de zone | 234e |
| Passes bloquées | 276e |
| Harpons | 96e |
| Batailles remportées pour la rondelle | 107e |
Et Kiefer Sherwood? L’ailier robuste des Canucks fait baver des équipes. Tout ce qui est rugueux doit intéresser le CH, et Sherwood joue du Sherwood. Il donne une tonne de mises en échec et il marque plus de buts que quiconque l’aurait prédit depuis l’an passé.
Le danger, c’est qu’il déjoue les pourcentages à un niveau un peu absurde. En bon français, il joue au-dessus de sa tête.
Au mois d’octobre, il a marqué six buts de plus que les modèles statistiques auraient prévu selon la qualité de ses chances de marquer. C’est énorme.
Si le prix reflète un joueur de troisième trio robuste et honnête, tant mieux. Tout ce qui est au-dessus d’un choix de deuxième tour semble dangereux.