Le déclin du temps d’enseignement du français doit cesser
La multiplication des programmes particuliers a mené à une diminution des périodes de français dans la grille-matières


Daphnée Dion-Viens
Pour bien apprendre le français, encore faut-il avoir le temps de l’enseigner. Or, au fil des ans, la multiplication des programmes particuliers, concentrations et profils a mené à une diminution des périodes de français dans la grille-matières.
L’Association québécoise des professeur-e-s de français (AQPF) dénonce la situation depuis des années. Pour faire de la place à une concentration sportive ou artistique dans l’horaire des élèves du secondaire, une à deux périodes de français par cycle sont souvent sacrifiées.
Déjà, en 2011, le phénomène touchait environ un élève sur cinq, selon des données du ministère de l’Éducation.
Le phénomène touche même des élèves du régulier. L’école secondaire Jean-Baptiste-Meilleur, à Repentigny, a décidé d’offrir à ses élèves de première secondaire six périodes de français par cycle plutôt que huit, l’an prochain, pour faire de la place à des profils centrés sur leurs intérêts.
Pratique pas unanime
Katya Pelletier Courtoisie Les enseignants de français en profiteront pour corriger les travaux des élèves en sciences et en univers social pour renforcer leur maîtrise de la langue, indique-t-on au centre de services scolaire des Affluents. La pratique ne fait toutefois pas l’unanimité.
«Ça prend du temps pour enseigner le français. Si on ampute une ou deux périodes au secondaire à chaque niveau, il va rester quoi, en termes de savoirs essentiels? On ne peut pas faire l’impossible. C’est pour ça qu’on se retrouve avec des élèves au cégep et à l’université qui ont des difficultés», affirme Katya Pelletier, présidente de l’AQPF.
Le régime pédagogique prévoit 400 heures d’enseignement du français en première et deuxième secondaire.
Chaque école peut toutefois déroger à la règle, puisqu’il s’agit de temps «indicatif» et non obligatoire.
L’AQPF réclame que le français soit «protégé» dans la grille-matières, un changement qui aurait toutefois des impacts bien réels sur les types de programmes offerts aux élèves.
«On tient à garder le plus de temps possible pour l’enseignement du français», soutient Mme Pelletier.