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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Pénurie de main-d’œuvre: il faut plus de retraités au travail

Le Réseau FADOQ soutient que l’État devrait redoubler d’efforts pour plaire aux aînés et éliminer les obstacles

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Francis Halin

2022-07-09T04:00:00Z
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Alors que l’emploi chez les personnes de 55 ans et plus a baissé de 51 000 (-1,2 %) en juin dernier pour la première fois depuis avril 2021, des voix s’élèvent pour que les gouvernements mettent les bouchées doubles afin de les garder sur le marché du travail.

• À lire aussi - Pénurie d’effectifs au Québec: beaucoup plus d’aînés au boulot

« La baisse de l’emploi a été presque entièrement attribuable à la diminution du nombre de travailleurs âgés de 55 ans et plus », a résumé Statistique Canada dans son Enquête sur la population active de juin 2022, publiée hier.

Or, en pleine pénurie de main-d’œuvre, la présidente du Réseau FADOQ est catégorique : même s’il existe déjà des façons d’encourager les travailleurs expérimentés à travailler, il faut redoubler d’efforts pour éviter de les perdre.

« Les gouvernements doivent continuer de réfléchir à des mesures incitatives afin de maintenir ou de ramener des travailleurs d’expérience sur le marché du travail, puisqu’ils sont l’une des solutions », plaide Gisèle Tassé-Goodman.

Promesses non tenues

« Le Parti libéral du Canada avait promis la création d’un crédit d’impôt pour prolongation de carrière, comme celui du Québec, lors de la dernière campagne électorale. Cependant, silence radio depuis », déplore-t-elle.

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En entrevue à La Presse canadienne, le PDG du Conseil du patronat, Karl Blackburn, a fait part hier de son désir de convaincre davantage de travailleurs d’expérience avec son projet de « séduction des 60-69 ans ».

Crédit remboursable

D’après Luc Godbout, titulaire de la chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, il faut en faire plus.

« Il faut rendre remboursable le crédit de prolongation de carrière et aussi rendre facultatives les cotisations au Régime de rentes du Québec pour les contribuables de 65 ans et plus », estime-t-il.

Il ajoute que la plupart des 1,2 million de personnes qui ont entre 55 et 65 ans contribuent activement à l’économie.

« Le défi est de maximiser les chances qu’elles continuent de le faire durant les dix prochaines années, alors qu’elles atteindront 65 ans et plus », conclut-il.


▶Au Québec, l’emploi a diminué de 27 000 en juin (-0,6 %), ce qui correspond à une 2e baisse en trois mois, selon Statistique Canada, qui constate les reculs les plus marqués dans les ressources naturelles, l’information, la culture et les loisirs.  

Il veut travailler sans se faire « massacrer » par l’impôt 

Daniel Matthys montre ses avis de cotisation, qui l’ont surpris.
Daniel Matthys montre ses avis de cotisation, qui l’ont surpris. Photo Francis Halin

Un retraité de la fonction publique fédérale qui travaille quelques heures par semaine comme caissier-vendeur saisit mal pourquoi les gouvernements ne sont pas plus généreux avec les retraités qui se font gruger leur paye.

« Des retraités autour de moi me disent : “Ben non, si j’y retourne, ils vont me massacrer à la fin de l’année” », lance le retraité Daniel Matthys, 61 ans, quand on lui demande si ses amis font comme lui en travaillant par-ci par-là.

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« J’ai hâte que l’on dise aux retraités : “Vous pouvez aller travailler. On ne vous assommera pas au niveau de l’impôt” », ajoute-t-il.

La semaine dernière, Le Journal a raconté l’histoire d’aînés de retour sur le marché du travail, qui sont 12 % plus nombreux qu’il y a trois ans.

À la lecture du reportage, Daniel Matthys s’est senti interpellé. Il a voulu raconter son histoire au Journal pour partager le choc qu’il a eu la première fois que son 25 dollars de l’heure a fondu au salaire minimum après impôt.

« Je veux payer mes impôts, mais je ne veux pas en surpayer à la fin de l’année parce que mon revenu va faire changer ma braquette d’impôts à un niveau stratosphérique », souligne l’homme de Lanaudière.

D’après lui, les gouvernements « veulent le beurre et l’argent du beurre » en poussant les aînés à travailler, mais en les attendant au détour à l’impôt.

Mode solution

Alors que le taux de chômage se fixait à 4,3 % (+ 0,1 point de pourcentage) le mois dernier, Daniel Matthys estime qu’il est urgent d’être en mode solution pour aider les travailleurs plutôt que les entreprises qui les embauchent.

Selon M. Matthys, il faudrait avoir plus de créativité pour retenir les aînés au boulot.

« Pourquoi les retraités n’auraient pas une exonération d’impôt sur le premier 10 000 $ gagné ? Ça enlèverait un fardeau », propose-t-il.

« L’autre solution serait d’avoir un rapport d’impôt pour ma pension et un autre indépendant séparément pour l’emploi occupé », dit-il.

Au Réseau FADOQ, on pense que le crédit d’impôt provincial pour prolongation de carrière actuel maximum de 1650 $ est positif, mais insuffisant.

« La prochaine campagne électorale au Québec constituera un bon moment pour les partis politiques afin de proposer à la population québécoise leurs idées pour favoriser le maintien ou le retour de ces travailleurs », conclut sa présidente Gisèle Tassé-Goodman.

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