Canadien: Il faut parfois laisser son petit frère gagner

Jean-Nicolas Blanchet
J’ai beaucoup de mal à comprendre ce qu’il y a d’étonnant dans le fait que le Canadien soit parmi les derniers clubs au classement.
Car le Canadien, cette année, est poche. L’an passé, l’équipe était poche. Cette année, tout indiquait qu’elle allait encore être poche.
La victoire contre Buffalo donne un beau sourire. Comme celui de notre petit frère qu’on laisse gagner au ping-pong une fois sur sept. Ça fait du bien. Et ça ne veut pas dire que notre petit frère ne va pas nous sacrer des volées dans quelques années.
Le club ne finira sûrement pas dernier. Pas loin, mais dernier. Loin des séries. Il y a des clubs encore plus poches. Et ça ne veut pas dire que la reconstruction est un échec ou que les Glorieux ne s’en vont nulle part.
Je parlais à un dépisteur d’une autre équipe la semaine dernière. Il trouve ça génial, ce que le CH est en train de bâtir, surtout en défensive. Mais il n’est pas étonné que le club soit mauvais cette année.
Car c’est ce que tout le monde prévoyait, sauf à Montréal.
La mixologie
Ç’a commencé en avril. Geoff Molson a lancé à mon collègue Renaud Lavoie que le Canadien pouvait «rêver d’être dans le mix» cette année. Ça, c’était avant l’arrivée de Patrik Laine. Ce fameux «mix», c’était encore la ligne au tournoi de golf avant l’ouverture du camp.

En 2023, Geoff Molson s’est fait vilipender parce qu’il ne fixait aucune attente. Cette année, l’équipe se fixe d’être dans le mix et parce que ça ne marche pas, l’équipe se fait encore plus vilipender. Je ne sais pas ce que j’aurais dit à leur place.
Revenons à la saison actuelle. Il fallait vivre dans un monde de Calinours pour croire que le CH allait être dans la course aux séries. Mais il y a tellement de Québécois qui ont besoin que le Canadien aille mieux. Que ça rende tellement de monde plus joyeux. Tout ça me permettait d’analyser froidement que le Canadien est malheureusement encore poche.
Voyons ça objectivement. Sans le Kool-Aid bleu-blanc-rouge ou les vapeurs de la fumée rouge papale du Centre Bell.
On peut bien dire que les joueurs du Canadien ne travaillent pas assez fort. À mon avis, c’est plutôt et surtout que les joueurs du Canadien sont moins bons que ceux des autres équipes.
Moins bons que les autres
Martin St-Louis a sous la main deux joueurs de premier trio. D’autres pourraient le devenir, mais pour l’instant, ce n’est pas le cas ou ce l’est juste de temps en temps. Ce n’est pas mon opinion. C’est un fait statistique.
Juraj Slafkovsky a bien joué à Buffalo. Mais lui et Kirby Dach totalisent 6 buts attendus depuis le début de la saison. Ils en ont marqué deux. Bref, c’est peu menaçant. Près de 150 joueurs sont meilleurs qu’eux cette année dans la ligue à ce chapitre.

On peut les voir comme des étoiles pour soutirer le disque aux adversaires avec leur physique. Mais c’est l’inverse qui arrive. Avant le match de lundi, Dach en a soutiré cinq et l’a perdu 13 fois. Slafkovsky en a soutiré trois et l’a perdu 11 fois. Ça les classe parmi les pires de la ligue. Espérons que les trois passes du Slovaque le lanceront.
Jake Evans et Brendan Gallagher sont les plus belles surprises sur le plan de la profondeur. Alex Newhook a marqué deux beaux buts la semaine dernière. Tant mieux. Mais, les chances de le voir sur un top 6 d’une bonne équipe dans l’avenir sont nulles, à mon avis.
Sinon, Joel Armia, Christian Dvorak, Josh Anderson, Emil Heineman... ils performent à la hauteur de joueurs de quatrième trio, statistiquement. C’est la réalité.
Trois défenseurs de taille
Défensivement, Martin St-Louis a trois défenseurs top 4 sous la main. Pas plus. C’est Mike Matheson, Kaiden Guhle et Lane Hutson.
Hutson provoque des revirements. Mais il en a provoqué autant qu’Arber Xhekaj. Hutson a passé 348 minutes sur la glace cette saison. Xhekaj, c’est 172 minutes.

Hutson n’est pas pire défensivement, même si beaucoup de monde s’attendait au pire. Comme s’il allait jouer avec le bâton à l’envers dans sa zone. Mais son talent inouï aide sa défensive. Il coupe des passes, même quand elles sont hautes de trois pieds. Il anticipe les jeux.
Dans le coin, ça reste toutefois un gars de 162 livres. Comme Quinn Hughes, ce n’est pas facile pour lui quand l’autre club a le parfait contrôle du jeu et qu’il doit courir après tout le monde.
David Savard, Arber Xhekaj, Justin Barron et Jayden Struble sont de bons défenseurs, mais des numéros 5 ou 6. Pas plus. Un système défensif ne peut pas faire de miracles.
Et les statistiques avancées peuvent bien avoir leurs faiblesses selon Martin St-Louis, mais peu de chiffres exposent que son équipe a des chances d’être dans la course.
– Avec l’aide des données de MoneyPuck et de NHL Edge