Il faut démystifier les standards corporels
Johana Monthuy-Blanc, Giulia Corno
La période des Fêtes est à peine derrière nous. Pour plusieurs, les souvenirs des soirées et des repas festifs, souvent marqués par quelques excès de nourriture riche et d’alcool, ont déjà laissé place aux préoccupations par rapport à la prise de poids.
La résolution de perdre quelques livres devient donc un choix populaire, mais la stratégie de la restriction alimentaire motivée par un certain sens de culpabilité peut potentiellement conduire les personnes vers des attitudes et comportements alimentaires dysfonctionnels.
Image corporelle
La recherche démontre que les problèmes de poids résultent bien souvent d’une intériorisation des idéaux d’apparence physique et d’une perception biaisée de sa propre image corporelle. Pour les personnes en surpoids ou insatisfaites de leur corps, ces préoccupations peuvent générer des comportements alimentaires restrictifs comme la diminution importante des portions, le jeûne et l’évitement de certains aliments.
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Toutefois, la restriction alimentaire est, à son tour, un prédicteur de crises de suralimentation. Il peut s’en suivre une spirale infernale d’épisodes successifs de restriction et de suralimentation qui causent chez les personnes aux prises avec ces comportements dysfonctionnels un grand sentiment de honte, de culpabilité et de dépréciation de soi.
En tant qu’expert en matière d’attitudes et de comportements alimentaires, le Groupe de recherche Loricorps de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) propose donc une réflexion à la suite du temps des Fêtes, période synonyme de préoccupations corporelles pour plusieurs. Plutôt que s’imposer des résolutions de perte de poids peu efficaces ou à risque, l’équipe de recherche encourage une vision plus globale, dite holistique de l’alimentation.
L’approche intuitive
Pour y arriver, le Loricorps invite la population à développer une approche intuitive en ayant conscience et en connaissant mieux ses perceptions, ses relations, ses occupations et ses sensations corporelles relatives à l’acte de s’alimenter. Cette démarche est plus proche du pouvoir d’agir sur sa santé pour en arriver à un état de bien-être corporel. Ce n’est pas le cas pour les programmes d’alimentation restrictifs qui peuvent nuire à la santé.
D’ailleurs, pourquoi vouloir à tout prix atteindre un poids théorique souhaité, généralement dicté par la société, quand on peut se reconnecter sur notre poids naturel génétiquement programmé... véritable clé pour ouvrir la porte de la santé ?
Le temps des Fêtes a permis de passer de bons moments pour vous reconnecter sur vous-même, tout en profitant des plaisirs de la table ? Tant mieux ! Continuez à développer votre conscience et votre capacité à écouter votre corps et ses signes de satiété afin de réguler votre alimentation sans avoir l’impression de vous priver.
Alors, adieu les préoccupations, bonjour à l’intuition, une nouvelle résolution en matière d’alimentation !

Johana Monthuy-Blanc, Ph.D, professeure titulaire, responsable du Groupe de recherche Loricorps de l’UQTR et chercheure pour le Fonds de Recherche du Québec (FRQ) au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CR-IUSMM)

Giulia Corno, Ph.D. en psychologie, étudiante postdoctorale du Groupe de recherche Loricorps de l’UQTR

Émie Therrien, professionnelle au Loricorps de l’UQTR et au CR-IUSMM