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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

«Il faut cesser de monter les taux», dit le stratège en chef de la Banque Nationale

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Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2023-01-26T16:02:19Z
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Le stratège en chef de la Banque Nationale juge discutable la hausse des taux de la Banque du Canada et il estime que l’atterrissage en douceur de l’économie est à risque.  

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«On est dans un brouillard économique et la Banque du Canada n’a aucun modèle économique pour bien comprendre le cycle actuel. Ce que le marché dit, c’est que les banques centrales sont allées trop loin, ici comme aux États-Unis», dit Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale. 

La hausse de 25 points de base d’hier, quoique petite, causera tout de même des dommages, a-t-il dit au Journal dans une entrevue téléphonique. «Cette hausse va faire passer de 66 à 72% les hypothèques à taux variable qui atteignent maintenant un taux limite, c’est-à-dire où l’emprunteur ne paye que de l’intérêt sur son prêt.»

Les marchés n’y croient plus

«En ce moment, les marchés trouvent que les banques centrales en ont trop fait. Ils ne croient plus la Banque du Canada, explique Stéfane Marion. On le voit avec les taux d’intérêt des obligations de deux ans au Canada, qui sont 75 points de base plus bas que le taux directeur au Canada, dit-il. Concrètement, ça veut dire que le marché s’attend à ce que la Banque baisse ses taux lors des prochains trimestres. Le marché est en train de dire: sais-tu quoi... plus tu continues à monter tes taux, plus tu vas être obligée de les baisser par la suite.»

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Selon lui, les consommateurs peuvent même s’attendre à des baisses de prix d’ici quelques mois. «On a vu la plus grosse baisse au cours des trois derniers mois sur les biens durables aux États-Unis en 60 ans. Il y a des baisses de prix qui s’en viennent. Il y a des surplus d’inventaire qu’on devra liquider, ce qui va entraîner des baisses de prix», dit-il. 

Atterrissage en douceur?

«C’est pour ça que j’ai espoir que la Banque du Canada va baisser ses taux, car il va y avoir des dommages collatéraux. Au niveau des bénéfices des entreprises, de l’emploi... On le voit déjà, la semaine de travail et les heures de travail commencent à diminuer. Ce sont des signes qui montrent que les banques centrales sont allées trop loin. Affréter un conteneur qui vient d’Asie, c’était rendu 20 000$. Là, on est revenu à 2000$. C’est une normalisation. Il va y avoir un répit pour les consommateurs, je pense que les biens durables vont coûter moins cher en deuxième moitié d’année», prévoit-il.

Le scénario de l’atterrissage en douceur est toujours possible, selon l’économiste, mais il faudra que la Banque du Canada recalibre et diminue ses taux en deuxième moitié d’année, pour éviter un atterrissage plus brutal. «Je me console à l’idée que la Banque est en pause et que les marchés disent qu’elle est allée trop loin. Ça annonce un répit pour les consommateurs.»

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