Il faut arrêter de dire que Lane Hutson mérite plus que Noah Dobson, confirme un agent de joueurs

Kevin Dubé
«Si Noah Dobson gagne 9,5 M$ par saison, c’est évident que Lane Hutson va faire plus que ça. C’est impossible qu’il gagne moins que Dobson, voyons donc!»
On est pas mal convaincus que vous avez entendu cet argument quelque part, au cours des dernières semaines, que ce soit de la part d’un collègue de bureau ou en sirotant une savoureuse bière d’après-match dans le vestiaire de votre équipe de ligue de garage.
Dans votre prochaine discussion, vous pourrez expliquer à cette personne pourquoi ça ne fonctionne pas comme ça.
De prétendre que l’agent de Lane Hutson peut tout simplement plaider qu’étant donné que Noah Dobson touche 9,5 M$ cette saison (et les sept suivantes), Hutson mérite davantage d’argent, ça ne tient pas compte de la réalité de la LNH et de sa convention collective.
«Tu ne peux même pas parler de Hutson et Dobson dans la même phrase», explique un agent de joueurs qui a préféré demeurer anonyme puisqu’il s’agit d’un dossier n’impliquant pas l’un de ses clients.
Et il ne parle pas ici du talent des deux joueurs, mais plutôt de leur statut juridique en vertu de la convention collective de la LNH.
Arbitrage et expérience dans la ligue
Présentement, Hutson sera agent libre avec restriction au terme de la dernière année de son contrat (celle-ci), après quoi il n’aura pas droit à l’arbitrage salarial.
Dans le cas de Dobson, c’était bien différent. Tout d’abord, évidemment, il comptait plus d’expérience que Hutson au moment de négocier son entente, lui qui venait de compléter sa sixième saison dans la LNH.
Puis, il avait droit à l’arbitrage salarial. Un peu comme Jackson LaCombe, d’ailleurs, comme l’expliquait le collègue Nicolas Cloutier récemment.
Dans le cas d’une impasse, Dobson aurait pu se prévaloir de l’arbitrage salarial. Dans cette situation, un arbitre entend les deux partis et tranche sur ce qu’il croit être juste. Le contrat de l’arbitre est d’un an maximum, comme le stipule la convention.
Au terme de cette année, Dobson aurait à nouveau pu se prévaloir de l’arbitrage et, au terme de cette deuxième année, serait devenu agent libre sans compensation et les Islanders (ou même le Canadien) l’auraient perdu pour rien.
Dobson possédait donc beaucoup de pouvoir de négociation, ce que Hutson n’a pas, présentement. C’est pourquoi il a été en mesure de maximiser sa valeur et obtenu un contrat de 8 ans et 9,5 M$ annuellement à Montréal.
Comme Mason McTavish
Dans le cas de Hutson, présentement, le seul pouvoir de négociation qu’il possède est ce qu’il a accompli sur la patinoire à sa seule année dans la LNH.
Et, on s’entend, un trophée Calder et quelques records, ce n’est pas rien.
Mais ça ne lui apporte pas beaucoup plus de pouvoir à la table de négociation.
«Mason McTavish était dans la même situation, nous explique le même agent de joueur. Il n’avait pas beaucoup de pouvoir parce qu’il n’était pas admissible à l’arbitrage. Si l’équipe veut te donner 1 M$, mais que tu en vaux 6, ils ont le droit parce qu’ils savent qu’il n’y a pas un arbitre après qui va te donner ta juste valeur.
«Dans une situation comme ça, si tu ne t’entends pas avec ton équipe, la seule chose que tu peux faire, c’est rester chez toi et ne pas te présenter au camp, comme McTavish a fait.»
LaCombe et Hughes
Dans le cas des défenseurs Jackson LaCombe et Luke Hughes, qui ont récemment signé des prolongations de contrats, l’agent consulté confirme que le dossier Hughes sert davantage de comparaison pour le clan de Hutson que celui de LaCombe, puisque ce dernier pouvait se prévaloir de l’arbitrage salarial. Et encore là.
La différence entre Hughes et Hutson, c’est que le défenseur des Devils a signé au terme de sa deuxième saison complète dans la LNH. Son contrat d’entrée était venu à échéance, contrairement à Hutson, à qui il reste une année.
Si Hutson désire s’entendre tout de suite avec le CH, avant d’avoir complété son contrat d’entrée, son clan et lui devront le faire en se basant sur la production d’une seule saison et en projetant celle en cours.
C’est un peu ce que le CH et le clan de Juraj Slafkovsky avaient fait, lorsque ce dernier a signé une prolongation de contrat de huit ans, un an avant la fin de son contrat d’entrée, en 2024.
«Dans ce genre de situation, les deux partis n’ont souvent pas le choix de mettre de l’eau dans leur vin», ajoute-t-il.
Si la comparaison la plus juste est le cas de Luke Hughes à 9 M$, Hutson pourrait donc devoir accepter un peu moins, s’il désire absolument signer maintenant.