Il faudra accuser Trump


Luc Laliberté
Nous étions plusieurs à nous interroger sur la pertinence des audiences surprises de mardi. Allions-nous entendre un nouveau témoin? Nous reconnaissions plutôt la jeune adjointe du chef de cabinet Mark Meadows. Visage familier, mais nouvelles révélations.
Les impacts des audiences
Les audiences de mardi ont potentiellement trois grandes catégories de retombées. Dans un premier temps, elles pourraient servir la politique partisane pour les élections de mi-mandat. Les démocrates espèrent encore ajouter ce portrait surréaliste d’un président séditieux à la question de l’avortement.
Dans un deuxième temps, peu importe les allégeances politiques, le travail de la commission apporte un meilleur éclairage sur le déroulement de cette triste journée. On ne peut nier les témoignages, documents écrits ou preuves audio ou vidéo. Vous pouvez les récupérer pour servir votre cause, mais les faits sont là. Comme historien, je ne peux que me réjouir qu’on puisse conserver tout cela pour la postérité.
Troisièmement, les audiences de mardi ont servi à étayer les faits pour nourrir une éventuelle accusation de la part du procureur général des États-Unis. Nous n’y sommes pas encore, mais la table est mise et Liz Cheney a déjà annoncé que les prochaines apporteront de nouveaux éléments.
Témoignage surréaliste
Qu’a donc révélé Cassidy Hutchinson pour nourrir la réflexion du responsable de la justice américaine? Oubliez certains pans de son témoignage qui reposent sur des informations qu’on lui aurait confiées. Si le récit surréaliste d’un président attaquant un agent secret dans le véhicule présidentiel vous laisse pantois, Cassidy n’était pas dans la voiture.

Par contre, plusieurs aspects de son témoignage émanaient de rencontres directes avec des témoins importants. Même si Trump n’avait pas attaqué son chauffeur, il souhaitait rejoindre ses partisans qui prenaient d’assaut le Capitole. C’est ce qu’on appelle de la sédition.
Après cinq audiences publiques, le portrait commence à se préciser. Nous nous retrouvons avec un président et ses conseillers qui étaient informés de ce qui se tramait, qui n’ont rien fait, bien au contraire, pour éviter les dégâts.
Ce même président a systématiquement refusé de demander à ses partisans de modérer leurs ardeurs. Tout ça en parallèle d’un plan pour invalider les résultats d’une élection légitime lors d’une cérémonie symbolique. Le vice-président, soudainement conscient de la dérive de son patron, refuse de jouer son rôle? Le pendre est après tout une bonne option...
Pour que Merrick Garland s’aventure à accuser un président pour la première fois dans ce contexte, il faudra garnir un peu plus les témoignages de ses liens, ainsi que ceux de son entourage, avec les assaillants. Les gestes et décisions de Trump sont tellement graves que plusieurs membres de son entourage exigeaient des pardons préventifs.
Si les prochaines audiences remplissent leurs promesses, Garland manquera sérieusement à son devoir et à ses responsabilités s’il n’intervient pas. Si une attaque aussi cavalière et grossière contre le processus électoral et les institutions demeure impunie, il restera bien peu de choses de la démocratie américaine.