«Il fallait que je passe à autre chose»: même 30 ans plus tard, Jocelyn Thibault entend encore parler de la transaction avec Patrick Roy


Stéphane Cadorette
Jocelyn Thibault n’en entend plus parler tous les jours, comme à une certaine époque, de l’échange qui l’a envoyé à Montréal dans la tempête médiatique de décembre 1995 contre Patrick Roy. «C’est moins souvent maintenant, mais ça revient quand même assez régulièrement», a-t-il confié au Journal.
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Il faut dire qu’il s’agit fort probablement de l’échange le plus marquant de l’histoire du Canadien.
Roy avait pris la route de Denver avec Mike Keane en retour de Thibault, Andrei Kovalenko et Martin Rucinsky.

Thibault, premier choix des Nordiques deux ans plus tôt, s’en venait à Montréal avec une pression insoutenable de prendre la place d’une légende, à 20 ans seulement.
«Quand je suis arrivé, je n’avais pas vraiment conscience de la pression. C’est plus tard que j’ai réalisé à quel point c’était une situation difficile», a raconté Thibault.
«Sur le coup, quand l’échange est arrivé, je me souviens très bien que ce n’est pas tout le monde qui disait que c’était une mauvaise transaction. Plusieurs voulaient sortir Patrick de Montréal et pensaient qu’il était fini ou presque. Et pourtant...» a-t-il souri.
Un rôle ingrat
Évidemment, l’Avalanche est sortie gagnante de cette transaction choc. Roy a aidé l’équipe à gagner deux coupes Stanley.
De son côté, Thibault a été placé dans une position ingrate. Malgré tout, lors de ses trois premières saisons à Montréal, le Canadien s’est classé en séries.
Le jeune cerbère a montré des pourcentages d’arrêt de ,913, ,910 et ,902 lors de ces trois campagnes. Pourtant, plusieurs ont retenu son passage comme un cuisant échec.
«Je ne peux pas juger ça, et il faut se rappeler qu’avant que Patrick parte, il y goûtait en masse aussi. Il reste qu’on n’a jamais raté les séries pendant les trois saisons que j’ai été gardien numéro un à Montréal», a soulevé Thibault.
«On n’a peut-être pas connu les séries qu’on espérait, mais c’est quand la dernière fois que le Canadien a fait les séries trois ans de suite? J’avais entre 20 et 23 ans. Ce n’était toujours bien pas une catastrophe. Quand je regarde ça, je vis bien avec l’opinion publique», a-t-il tranché.
Pour répondre à sa question, le Canadien a vécu les séries au moins trois années de suite seulement deux fois depuis son départ, soit de 2007-2008 à 2010-2011 et de 2012-2013 à 2014-2015.
Climat difficile
Sur le coup, Thibault a savouré ses premières années à Montréal. Mais en 1998, il a demandé à être échangé, puisque le climat devenait plus lourd.
Aujourd’hui, il ne regrette absolument rien.
«La quatrième année, José [Théodore] est arrivé, et je trouvais ça correct. C’est un bon ami à moi. Il est vite devenu la saveur du jour, et il fallait que je passe à autre chose.»