Il existe un moyen pour Kent Hughes d’acquérir un attaquant sans même échanger Carey Price

Nicolas Cloutier
Comme si cette saga n’était pas suffisamment compliquée, saviez-vous qu’il existe un moyen pour le directeur général du Canadien de Montréal, Kent Hughes, de conserver le contrat de Carey Price et de faire l’acquisition d’un attaquant?
C’est ce que PuckPedia a confirmé à TVA Sports dans un long entretien servant à démêler une fois pour toutes cet épineux dossier.
Le chiffre magique est le suivant: 4,6 M$. C’est le montant que le CH peut ajouter à sa masse salariale avant d’inscrire officiellement le nom de Price sur la liste des blessés à long terme au début de la saison.
«Le pire dénouement serait de ne rien faire, explique au bout du fil Hart Levine, fondateur de PuckPedia. Je présume que le Canadien voudra soit faire une acquisition pour utiliser [les 4,6 M$], soit échanger Price avant l’ouverture de la saison. Mais le pire dénouement, ce serait le statu quo.»
À l’heure actuelle, la masse salariale du Canadien est de 101,4 M$, d’après les projections de PuckPedia. Quand une équipe ne peut se conformer au plafond salarial avant d’avoir recours à la liste des blessés à long terme, l’allègement offert par la Ligue nationale de hockey est équivalent au montant duquel l’équipe défonce le plafond. Actuellement, on parle de 5,9 M$ pour le Canadien.

Ainsi, le plafond salarial que la LNH attribuerait au Canadien serait à la hauteur de 101,4 M$ (95,5 M$+5,9 M$). L’allègement maximal qui pourrait être offert au Tricolore est de 10,5 M$, à la hauteur de la charge salariale du contrat de Price. Le meilleur allègement possible porterait ainsi à 106 M$ (95,5 M$+10,5 M$) le plafond du Tricolore.
En obtenant un attaquant de 4,6 M$, Hughes maximiserait l’allègement offert par la LNH. Mais s’il se résigne à garder Price, Hughes a intérêt à acquérir ledit attaquant avant le premier match du calendrier régulier, parce que cette donnée, plus communément appelée «LTIR pool» dans le jargon du milieu, est fixée au début de la saison. C’est la différence entre un plafond de 101,4 M$ ou de 106 M$.
Échanger Price toujours prioritaire
La meilleure alternative demeure d’échanger Price. Il n’y a pas de débat. Utiliser les 4,6 M$ additionnels est simplement un moindre mal si une aucune équipe ne mord aux hameçons tendus par Hughes.
«Il y avait des équipes par le passé qui n’avaient pas le choix de bouger avant le début de la saison, et ce n’est pas le cas du CH, concède Levine. Cela dit, dans l’autre scénario où Price est échangé, tu te retrouves plutôt avec 5 M$ sous le plafond salarial sans utiliser la liste des blessés. Et tu ferais des économies pendant la saison qui accroîtraient ton espace sous le plafond de jour en jour.»
La différence est manifeste: si Hughes échange Price, il a un coussin de 5 M$ qui grossit de jour en jour. S’il n’y arrive pas, il opérera presque à un dollar près jusqu’à nouvel ordre.
Quand Hughes jure qu’il n’a pas un fusil sur la tempe et qu’il n’est pas obligé d’échanger Price... il a raison. C’est une question de sémantique. Il n’est pas obligé de le faire, mais s’il n’y arrive pas, il n’aura pratiquement aucune marge de manœuvre.
N’oubliez pas le calcul réalisé plus haut: la liste des blessés à long terme n’efface pas des livres la charge salariale de Price, elle offre seulement un plafond plus élevé pour permettre au CH d’être conforme... de justesse.
«Hughes aurait un espace quasi nul, mentionne Levine. Un dollar rentre, un dollar sort. En renvoyant un gars comme Oliver Kapanen dans la Ligue américaine, tu peux créer environ 1 M$ d’espace. Aussi, s’il y a des blessures pendant le camp, le CH peut se donner un plus gros coussin.»

Oui, ironiquement, des blessures pendant le camp aideraient Hughes s’il doit se résoudre à l’avenue de la liste des blessés à long terme. Quand un joueur se blesse, il doit être remplacé par un autre patineur qui a lui aussi une charge salariale. Cela viendrait gruger dans les fameux 4,6 M$ restants pour établir un allègement plus optimal en commençant la saison. Puis au retour des blessés, les remplaçants retournent dans la Ligue américaine de hockey et leur salaire sort des livres.
«Si le Canadien ne fait pas d’échanges, oui, les blessures au camp l’aideraient certainement, puisqu’il pourrait traîner plus de joueurs dans sa formation avant d’établir son allègement.»
Ce qui n’aide pas Hughes, c’est que les équipes savent à quel point échanger le contrat de Price serait bénéfique au Canadien. Ce qui l’aide, inversement, c’est qu’il ne reste qu’un an à l’entente de Price et une somme négligeable à payer de sa poche (2 M$ tout au plus) pour tout propriétaire qui donnerait son aval.
Pour ces raisons, «je crois que ce contrat est échangeable», estime notre expert, qui s’attend, comme beaucoup d’autres, à une transaction.
D’autres candidats
Et il ne faut pas surveiller uniquement les équipes qui se tiennent près du plancher salarial comme les Sharks de San Jose, les Penguins de Pittsburgh et les Blackhawks de Chicago.
«Prenez les Blues de St. Louis: s’ils ont déjà l’intention d’utiliser la liste des blessés à long terme avec Torey Krug, acquérir Price ne fait pas une énorme différence pour eux, justifie Levine. Je ne dis pas que ça les aiderait, mais la différence serait assez négligeable dans l’optique où tu obtiens un choix en retour. Idem pour les Golden Knights de Vegas avec Alex Pietrangelo sur la LTIR.
«Les gens parlent souvent des clubs qui sont près du plancher et ont beaucoup d’espace, mais il faut aussi regarder, à l’autre bout du spectre, les équipes près du plafond qui exploiteront la liste des blessés à long terme.»