Il est «risqué» de retirer le masque trop rapidement, selon des experts


Dominique Lelièvre
En pleine 6e vague, des experts prônent une approche qui mise sur la prudence. Québec prendrait des risques inutiles en levant l’obligation de porter le masque dans les lieux publics au moment où les indicateurs de la COVID-19 sont à la hausse, selon ces spécialistes.
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À l’heure où la Santé publique soupèse le pour et le contre concernant la possibilité de prolonger l’obligation au-delà de la date du 15 avril, les spécialistes consultés en appellent au maintien de cette mesure en attendant de voir la direction que prendra la 6e vague de la pandémie.
« Je reconnais qu’il y a une fatigue dans la population. Je suis fatigué comme membre du public, je suis écœuré comme travailleur de la santé, donc je comprends. Le problème, c’est que le virus s’en fout vraiment de ce qu’on pense ou de ce qu’on sent », lance le Dr Donald Vinh, infectiologue au Centre universitaire de santé McGill.
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Les cas et les hospitalisations sont à la hausse et rien n’indique que la situation sera corrigée dans deux semaines, soulève-t-il.
Dans ce contexte, il estime qu’il n’est pas temps de retirer le masque, surtout qu’à peine plus d’un Québécois sur deux a reçu la dose de rappel du vaccin, qui offre la meilleure protection contre les mutations du virus.
Milliers d’infections
Selon les estimations du centre de recherche CIRANO, le Québec a connu de 18 000 à 32 300 nouvelles infections par jour la semaine dernière.

« L’efficacité du masque permet de minimiser la contamination dans les espaces clos, d’autant plus avec ce variant hyper contagieux, et donc de réduire le potentiel de personnes qui seront hospitalisées, pour laisser la place à ceux qui sont en attente [de soins] et qui n’ont pas la COVID », soulève Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Sans être irresponsable, retirer l’obligation de porter le masque à la mi-avril serait « vraiment risqué », d’autant plus qu’il y a un potentiel de réinfection même lorsque l’on a déjà eu Omicron, selon elle.
« Pourquoi prendre des risques alors que la mesure est si peu contraignante et bien ancrée dans les pratiques sociales ? », demande-t-elle.
Sage d’attendre
De son côté, le virologue et professeur à l’UQAM Benoit Barbeau estime qu’il serait plus sage d’attendre encore au moins une semaine avant de se positionner.
Cela permettrait d’avoir plus de recul sur la trajectoire de la 6e vague, dit-il.
D’après lui, on pourrait toutefois envisager un « compromis » où l’obligation de mettre le masque pourrait être partiellement retirée, selon une évaluation des risques par type de lieu public.