Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

«Je suis vraiment proche de perdre ma maison»: il est broyé par le système de paye de Phénix

Le gouvernement canadien est incapable de payer décemment les fonctionnaires comme lui depuis près de dix ans.

Photo Francis Halin
Partager
Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2025-07-16T04:00:00Z
Partager

Un magasinier du ministère de la Défense nationale victime du système de paye Phénix du fédéral au pire moment de sa vie est à un cheveu de perdre sa maison.

• À lire aussi: Il devra réhypothéquer sa maison en raison du fiasco du système de paye Phénix 

• À lire aussi: Fiasco de Phénix: «Ils ont assez payé en argent» dénonce le Bloc Québécois 

«Ça m’empêche de dormir. Je fais de l’anxiété le soir», confie Jayson Vinetti, qui travaille depuis 19 ans à la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu.

«Mes cartes de crédit sont au maximum. J’ai de l’aide financière de mes parents. Je ne sais plus quoi faire», poursuit le père monoparental.

Comme plusieurs victimes du système de paye fédéral, Jayson Vinetti ne sait plus où donner de la tête. 

«C’est l’erreur de Phénix, et c’est moi qui paye», peste-t-il.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Publicité

Lâché en pleine dépression

C’est en 2022 que son cauchemar a commencé. 

Au sortir de la pandémie, l’homme à vif a subi une grosse dépression.

«Phénix n’a pas traité mes papiers à temps. Ils n’ont rien envoyé à qui de droit, donc j’ai été 13 semaines pas de paye», raconte-t-il. 

Pour garder la tête hors de l’eau, Jayson Vinetti réussit alors à obtenir une avance de 4800$ de son employeur pour tenir le coup financièrement.

Un magasinier du ministère de la Défense nationale victime du système de paye Phénix du fédéral au pire moment de sa vie est à un cheveu de perdre sa maison.
Un magasinier du ministère de la Défense nationale victime du système de paye Phénix du fédéral au pire moment de sa vie est à un cheveu de perdre sa maison. Photo Francis Halin

Mais en décembre passé, sa santé dégringole encore.

Le fonctionnaire décide alors de prendre «un congé d’étalement». Cela lui permet de se remettre sur pied durant trois mois chez lui avec une paye réduite.

L’élastique est étiré

Mais plutôt que d’attendre la fin de ses payes plus petites pour se faire rembourser, Phénix se met alors à lui enlever 91$ par paye, puis 200$ de plus, pour que Jayson Vinetti redonne au gouvernement le plus vite possible les 4800$ empruntés il y a trois ans.

Ce qui choque le fonctionnaire, c’est qu’il est déjà serré financièrement, mais que Phénix ne veut rien savoir de prendre de plus petits montants sur sa paye.

Pour lui, c’en est trop. L’élastique est étiré au maximum. Ses parents, qui l’ont aidé, n’ont plus les moyens de le faire.

Cette histoire n’a rien d’anecdotique. Le Journal a raconté plusieurs cas de gens écrasés par la machine Phénix d’IBM, instaurée sous l’ère libérale, après avoir été commandée par le gouvernement conservateur précédent.

À l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), on estime que 372 000 fonctionnaires sont touchés au pays.

«Des gens ont un loyer à payer, une famille à nourrir et des projets qu’ils ont dû mettre sur pause. J’ai parlé à plusieurs personnes, et chacune a son histoire d’horreur», dénonçait récemment dans une lettre ouverte Sharon DeSousa, présidente nationale l’AFPC.

Invités à réagir par Le Journal, Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) n’a pas répondu à nos questions mardi.

-Avec Philippe Langlois

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité