Il corrigeait ses enfants à coup de bâton: un pasteur violent veut obtenir sa libération conditionnelle

Nicolas Saillant | Journal de Québec
Un pasteur condamné à cinq ans de prison pour des sévices physiques sur ses enfants implore les autorités de le libérer à temps pour Noël, et ce, même s’il minimise toujours les gestes pour lesquels il a plaidé coupable.
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Entre 1980 et 2004, le pasteur de l’Église biblique baptiste des Cantons-de-l’Est Mario Monette a corrigé ses enfants quasi quotidiennement avec des dizaines de coups de bâton ou de ceinture. L’homme de 68 ans et sa conjointe, Carole Van Houtte, ont été respectivement condamnés à cinq et quatre ans de pénitencier pour de multiples accusations d’agressions armées, menaces et séquestration.
Moins de 20 mois après son incarcération à la prison Archambault, Mario Monette a demandé à la Commission des libérations conditionnelles de lui octroyer une libération conditionnelle complète en implorant les commissaires de pouvoir « passer les fêtes avec les miens ». Si certains de ses huit enfants n’ont jamais pardonné à l’accusé et l’ont même poursuivi au civil, d’autres enfants lui vouent une adoration inconditionnelle.
Pasteur contrôlant
D’entrée de jeu, l’équipe de gestion de cas de Mario Monette s’est opposée à toute forme de libération. Son intervenante s’est surtout inquiétée du désir de Monette de retrouver son ministère à titre de pasteur.
« On évalue qu’il pourrait utiliser son influence pour propager ses idées rigides et ses distorsions et maintenir un certain contrôle sur les gens qui fréquentent son église », a fait valoir son agente de libération conditionnelle. Cette dernière s’est dite inquiète qu’il s’en prenne à des gens vulnérables notamment en obligeant ses fidèles à donner de l’argent à son église.
Elle souligne que le pasteur minimise encore les gestes violents pour lesquels il a pourtant plaidé coupable. « Il cherche à protéger son image de bon père de famille et de pasteur respecté », a expliqué l’agente aux commissaires.
Principe biblique
En réplique, le pasteur Monette s’est dit « offensé » par cette analyse, estimant que son agente avait des « préjugés » envers son église. « La Bible, c’est encore le livre le plus lu dans le monde », a défendu le pasteur.
Monette a aussi été confronté par les commissaires qui lui ont demandé ce qu’il retirait des corrections à répétition infligées à ses enfants. Une fois de plus, le pasteur a eu de la difficulté à admettre qu’il avait utilisé de la force excessive.
« Je suis quelqu’un d’intense, je voyais qu’il y avait de la difficulté pour certains de mes enfants à obéir et je voulais les amener à l’obéissance », a-t-il expliqué en parlant de ses « enfants rebelles ».
Reste que le pasteur a rappelé qu’il s’était amendé avant sa mise en accusation, lui qui a cessé toute correction physique en 2004. « J’ai été excessif dans la façon de l’appliquer, je regrette tout ça », a-t-il concédé à plusieurs reprises.
Son avocate, Me Sylvie Bordelais a aussi plaidé en faveur de la libération conditionnelle du délinquant rappelant que le risque qu’il agresse ses enfants aujourd’hui âgés de 31 à 48 ans « est pas mal inexistant ».
Les deux commissaires ont pris leur décision en délibéré et rendront leur verdict d’ici 15 jours. La conjointe du pasteur, Carole Van Houtte, bénéficie déjà d’une libération conditionnelle totale.