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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Il a violé, en groupe, une jeune artiste: ce médecin spécialiste déclaré coupable

Stephan Probst n’avait pas compris que «seul un oui veut dire oui» et que l’idée d’un «consentement implicite» n’existe pas au Canada

Stephan Probst et Wendy Devera (à gauche) lors de leur procès pour agression sexuelle de groupe au palais de justice de Montréal en juin 2024.
Stephan Probst et Wendy Devera (à gauche) lors de leur procès pour agression sexuelle de groupe au palais de justice de Montréal en juin 2024. Photo MARTIN ALARIE
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2024-08-29T19:37:36Z
2024-08-29T22:07:03Z
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Un médecin spécialiste vient d’être déclaré coupable d’avoir violé, en groupe, une jeune artiste que sa conjointe avait rencontrée en ligne, après l’avoir droguée à son insu avec de la métamphétamine.

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Même s’il assurait avoir eu une sorte de «consentement général», le Dr Stephan Probst n’a pas convaincu la cour qu’il devait être acquitté. Pire encore, sa version ne laissait aucun doute sur sa culpabilité.

«Son témoignage démontre son intention criminelle, son ignorance des règles de consentement et son indifférence de la volonté [de la victime]», a commenté la juge Suzanne Costom en scellant le sort du médecin, ce jeudi au palais de justice de Montréal.

La tête basse et la gorge nouée, l’ex-chef de département à l’Hôpital général juif de Montréal a eu du mal à garder sa prestance quand la magistrate a prononcé le mot «coupable», à la suite d’une longue analyse de son crime commis avec sa conjointe, Wendy Devera, à l’été 2020.

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La victime, de son côté, a fondu en larme, comme si le stress accumulé depuis l’été 2020 tombait d’un seul coup.

Piégée dans un penthouse

C’est qu’à l’époque, Probst et Devera étaient en quête d’une proie, et ils avaient jeté leur dévolu sur une jeune artiste qui souhaitait «expérimenter» sexuellement avec une femme. La victime, dont l’identité est protégée par la cour, avait accepté de se rendre dans le luxueux penthouse du médecin, mais en précisant explicitement qu’elle ne voulait rien savoir de l’homme.

Ce dernier avait toutefois «gardé un petit espoir qu’elle change d’avis». Et une fois la victime chez lui, il l’a droguée en mettant de la MDMA dans son verre, à son insu.

S’en est suivie une première agression sexuelle dans le spa du médecin, puis dans la chambre, pendant que Devera la retenait.

Lors du procès, Probst s’était défendu d’avoir commis tout acte illégal, assurant que la jeune artiste savait qu’elle prenait des stupéfiants. Et de toute façon, en tant que médecin, il savait doser cette drogue qu’il achetait illégalement, avait-il affirmé lors de son contre-interrogatoire par Me Jérôme Laflamme de la Couronne.

Victime sincère et fiable

Il s’était ensuite affairé à tenter de miner la crédibilité de la plaignante sur chaque petit détail, comme les moments exacts où elle était allée aux toilettes.

«Nombre de ces prétendues contradictions ne le sont pas, d’autres sont mineures, ce sont des détails périphériques dont elle ne se souvenait pas», a analysé la juge, qui a d’ailleurs déboulonné les mythes «tenaces» et erronés voulant que si une femme ne veut pas immédiatement porter plainte, ce soit parce qu’il n’y avait pas de crime.

Quant à la victime, son témoignage «sincère, fiable et crédible» a été retenu.

«Elle n’a pas témoigné parfaitement, elle a fait de son mieux, elle a reconnu que sa mémoire était altérée par le temps, a dit la juge. Malgré ses imperfections, le tribunal est convaincu par son témoignage.»

Probst, 46 ans, ainsi que Devera, 30 ans, ont ainsi été déclarés coupables d’agression sexuelle avec participation d’un tiers, si bien qu’ils s’exposent maintenant à un long séjour au pénitencier, en plus d’être fichés comme délinquants sexuels.

«Ce qu’il faut retenir, c’est que seul un oui veut dire oui, il faut prendre des mesures pour s’assurer du consentement, le consentement implicite n’existe pas en droit canadien», a pour sa part conclu Me Delphine Mauger de la Couronne.

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